Boots Riley à propos du changement de système

Boots Riley est un musicien américain, chanteur, compositeur et producteur du groupe de hip-hop engagé "The Coup", en concert ce jeudi 25 octobre à Bruxelles.

Tra­duc­tion de Boots Riley on How Poli­ti­cal Change Actual­ly Hap­pens — SPIN Elec­tion 2012

En concert ce jeu­di à Bruxelles : infos

boots-riley.jpgSi vous vou­lez chan­ger le sys­tème, il faut créer un mou­ve­ment de masse mili­tant qui peux uti­li­ser l’action directe pour ralen­tir ou arrê­ter la course au pro­fit. Un mou­ve­ment capable de deman­der et de faire ce qu’il veut. Pour­quoi ? Parce que les poli­ti­ciens répondent aux demandes de la classe diri­geante, les 1%. Les poli­ti­ciens sont de simples marion­nettes. Si un mou­ve­ment est capable d’arrêter en par­tie la machine éco­no­mique, la classe diri­geante va faire dan­ser ses marion­nettes pour vous contrer. 

Aucun des chan­ge­ments que nous consi­dé­rons comme des avan­cées majeures pour les droits de l’Homme et les droits civiques, n’ont été obte­nus en éli­sant le bon poli­ti­cien. La sécu­ri­té sociale, le Medi­care, Sec­tion 8, AFDC [[Aid to Fami­lies with Dependent Chil­dren était une assu­rance fédé­rale effec­tive de 1935 à 1996 crée par le Social Secu­ri­ty Act]], la légis­la­tion sur les droits civiques — sont le résul­tat des mou­ve­ments qui ont uti­li­sé l’action directe pour arrê­ter la machine à pro­fits ; les mou­ve­ments craints par la classe diri­geante devien­dront révo­lu­tion­naires. Dans les années 1920, il y a eu des grèves avec occu­pa­tion d’usines à tra­vers tous les Etats-Unis, des grèves dans les mines du sud, des cen­taines de mil­liers de per­sonnes dans les rues pour pro­tes­ter contre le capi­ta­lisme dans les villes, et J. Edgar Hoo­ver consi­dé­rait les états du Mon­ta­na et de l’Utah comme des “foyers d’activité com­mu­niste”. Et c’était vrai ! La classe diri­geante a pris peur et a obte­nu du FDR qu’il mette en place le New Deal. Des années avant que le légis­la­tion sur les droits civiques ne soit votée, JFK affir­mait qu’il y était oppo­sé. Un mou­ve­ment l’a pour­tant for­cé à l’adopter. Affir­ma­tive Action a été pas­sée sous Nixon parce que la popu­la­tion était dans la rue aux Etats-Unis et que des révo­lu­tions secouaient le monde. 

Quel que soit le pré­sident — et sans mou­ve­ment radi­cal de masse — les choses virent à droite. En connais­sant l’histoire, on com­prend mieux ce qui se met en place quand les mêmes médias qui dépeignent les mou­ve­ments radi­caux de masse sous un mau­vais jour — ou n’en font même pas part — décident de vous annon­cer que que le vote est l’instrument ultime de votre expres­sion poli­tique. A ce stade, le fait de voter est pré­sen­té comme une alter­na­tive à un mou­ve­ment de masse. Les cam­pagnes poli­tiques exigent une éner­gie consi­dé­rable. La cam­pagne pré­si­den­tielle de Ker­ry a pour ain­si dire éli­mi­né le mou­ve­ment anti-guerre qui avait le vent en poupe en 2004, lorsque plu­sieurs des prin­ci­pales forces d’organisation de ce mou­ve­ment ont déci­dé de sou­te­nir Ker­ry. Et Ker­ry n’était même pas anti-guerre ! La cam­pagne pré­si­den­tielle d’Obama a éli­mi­né le mou­ve­ment anti-guerre qui venait de se régé­né­rer en 2008. Et il n’est abso­lu­ment pas anti-guerre. Si vous ne bat­tez les tam­bours que quand il est temps d’élire quelqu’un, et que vous ne vous impli­quez pas dans un mou­ve­ment de masse, vous tra­vaillez contre un chan­ge­ment réel et sub­stan­tiel. La réa­li­té, c’est que nous vivons dans un monde gui­dé par le pro­fit. Nous créons ce pro­fit col­lec­tif — par notre tra­vail, pour lequel ils nous rendent une infime par­tie au moyen du salaire. Cette manne finan­cière est uti­li­sée pour exer­cer le pou­voir, ce qui implique de dic­ter en par­tie la poli­tique aux poli­ti­ciens. Tant que nous ne contrô­lons pas de manière démo­cra­tique cette richesse crée, il n’y aura pas de démo­cra­tie. Les élec­tions sont une blague cruelle.

Nous avons besoin d’un mou­ve­ment popu­laire radi­cal et mili­tant et qui devienne un mou­ve­ment révo­lu­tion­naire qui puisse chan­ger le sys­tème dans son ensemble. Mais avant cela, nous avons besoin d’un tel mou­ve­ment afin d’obtenir de meilleurs salaires, des soins de san­té gra­tuits, un ensei­gne­ment supé­rieur gra­tuit, ain­si que l’arrêt des sai­sies et des expul­sions. Pré­fé­rez-vous attendre en vous deman­dant si le type pour lequel vous avez voté, va conti­nuer à ne pas faire ce qu’il a dit qu’il ferait ?