Hommage à Jean Van Lierde : expo + film

03.05 2016 /
18h30 Maison Haute, place A. Gilson - 1170 Bruxelles
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Hom­mage à Jean Van Lierde, chef de file de la lutte pour l’objection de conscience et co-fon­da­teur d’Agir pour la Paix (ex MIR-IRG). Ren­dez-vous le 3 mai à 18h30 pour le ver­nis­sage et à 20h pour la pro­jec­tion du film « L’objecteur’ de Hugues Le Paige sur Jean Van Lierde. 

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Jean Van Lierde, l’Objecteur

Par Hugues Lepaige

Ce mar­di 3 mai, on com­mé­mo­re­ra à Bruxelles ( Boits­fort), le 10ème anni­ver­saire de la dis­pa­ri­tion de Jean Van Lierde ( entre autres)chef de file de la lutte pour l’objection de conscience et co-fon­da­teur d’Agir pour la Paix (ex MIR-IRG). A cette occa­sion une expo­si­tion sera consa­crée à l’objection de conscience( ver­nis­sage à 18.30) et mon film de 1998, “L’Objecteur”, por­trait de Jean Van Lierde sera pro­je­té à 20.30

Voi­là com­ment je pré­sen­tais le film lors de sa sor­tie en 1998 :

Résis­tant contre le fas­cisme, mili­tant paci­fiste, com­bat­tant contre le colo­nia­lisme et pour la liber­té des peuples oppri­més, pour­fen­deur du capi­ta­lisme et du sta­li­nisme : Jean Van Lierde était un OBJECTEUR au pied de la lettre… Il a épou­sé bien des causes mili­tantes de cette seconde moi­tié du siècle et aus­si leurs contradictions.

Objec­teur de conscience d’abord : son action opi­niâtre et trois séjours en pri­sons impo­sèrent un sta­tut pour ceux qui refu­saient de por­ter les armes. Mais aus­si objec­teur de tous les pou­voirs éta­blis, Jean Van Lierde est un “chré­tien liber­taire” tout à la fois pré­sent dans “son église” et impré­gné des idées anarchistes.

Pas­seur de fron­tières pour les déser­teurs fran­çais et les mili­tants du FLN pen­dant la guerre d’Algérie, accom­pa­gna­teur de tous les diri­geants congo­lais à la recherche de leur indé­pen­dance, com­pa­gnon de Patrice Lumum­ba, sans oublier le Viet­nam, la Pales­tine et mille autres com­bats, Van Lierde rem­plit plu­sieurs vies de militantisme.

Pas­seurs des fron­tières idéo­lo­giques et phi­lo­so­phiques, il ras­semble croyants et incroyants, il asso­cie juifs, musul­mans et chré­tiens, il fait col­la­bo­rer notables et révo­lu­tion­naires pour sau­ver un dis­si­dent ou un réfu­gié poli­tique. Son mili­tan­tisme achar­né ne l’empêchera pas de gérer avec rigueur spar­tiate et objec­ti­vi­té sévère ce qui sera d’abord une aven­ture et puis rapi­de­ment une auto­ri­té incon­tes­tée dans le monde socio-poli­tique en Bel­gique : le CRISP ( Centre de Recherche et d’Information Socio-Poli­tique). Il en sera le secré­taire géné­ral pen­dant 25 ans.

Pour ce film, tour­né en 1998, Jean Van Lierde, qui avait alors 72 ans, pro­me­nait sur ses archives et son his­toire un regard serein, sans trop d’illusions mais avec la solide convic­tion d’avoir “fait ce qu’il fal­lait”… Ce film lui a don­né la parole pour ten­ter de res­ti­tuer un par­cours indi­vi­duel et collectif.

“L’Objecteur” s’inscrivait dans une démarche docu­men­taire qui ten­tait de film en film, par tranches de vie suc­ces­sives, de construire quelques aspects de la mémoire d’une époque. Celle de cette der­nière moi­tié du XXe siècle mar­quée par l’affrontement des grandes idéo­lo­gies et l’engagement des mili­tants et des intellectuels.

Il ne s’agissait évi­dem­ment pas de “LA” mémoire d’une époque, mais de mémoires indi­vi­duelles tou­jours plon­gées dans des aven­tures col­lec­tives. His­toires de femmes et d’hommes qui cha­cun et cha­cune, à leur manière, ont choi­si de se battre contre l’injustice, de résis­ter à la loi du plus fort, qui ont déci­dé de mettre la soli­da­ri­té avant toute chose. His­toires de femmes et d’homme qui refusent tou­jours le renon­ce­ment et qui assument avec plus ou moins de luci­di­té les contra­dic­tions que tout com­bat de ce genre com­porte. Cette suc­ces­sion de bio­gra­phies socio-poli­tiques que j’ai entre­prises depuis 1991 ne vise pas à nour­rir une vision “objec­tive” d’une (petite) part de l’histoire de notre com­mu­nau­té. J’avais déli­bé­ré­ment choi­si de m’attacher à des per­son­nages peu connus de l’opinion publique la plus large mais qui cha­cun ont eu une influence sur les cours des idées ou des évé­ne­ments. Et qui tous à tra­vers des par­cours indi­vi­duels “forts” ren­voient à des mou­ve­ments col­lec­tifs même s’ils sont minoritaires.

“Le Front du Nord” — déjà cité- retrace l’histoire des Belges enga­gés aux côtés des mili­tants de l’indépendance algé­rienne, “18 – 20, ave­nue de Sta­lin­grad” évoque l’action de res­pon­sables com­mu­nistes belges (Rosine Lewin, Mar­cel Levaux, Claude Renard) depuis la guerre jusqu’à la chute du mur de Ber­lin, “Le non-confor­miste” des­sine à tra­vers la figure de Mar­cel Lieb­man la figure de l’intellectuel en poli­tique, “O Bel­gio Mio” tente à tra­vers deux des­tins indi­vi­duels de cer­ner l’identité de la com­mu­nau­té ita­lienne de Bel­gique. Tous ces films sont for­te­ment ancrés dans les réa­li­tés natio­nales ou régio­nales mais, il me sem­blait, que les per­son­nages acquièrent tou­jours une dimen­sion uni­ver­selle par leur choix et leurs com­por­te­ments de vie. C’est du moins comme cela que je les ai perçus.

Source : blog de Lepaige