Justice et vérité pour Naithy Nelson, victime de racisme

Il a fallu une incroyable mobilisation de plus de 200 personnes pour pouvoir déposer une plainte dans un commissariat de police de la ville de Bruxelles, suite à l'agression violente à l'arme blanche par un chauffeur de bus sur un jeune adolescent!!!

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Il a fal­lu une incroyable mobi­li­sa­tion de plus de 200 per­sonnes pour pou­voir dépo­ser une plainte dans un com­mis­sa­riat de police de la ville de Bruxelles,
suite à l’a­gres­sion vio­lente à l’arme blanche par un chauf­feur de bus sur un jeune adolescent!!!

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Nai­thy Nel­son est un jeune et brillant ado­les­cent de 16 ans. Il y a 10 jours près de la péri­phé­rie de Bruxelles, ce der­nier attend le bus de Lijn (socié­té belge de trans­port) pour ren­trer chez lui.

Le bus arrive et le chauf­feur ne veut pas recon­naître son titre de trans­port com­man­dé par sms. Nai­thy répond qu’il est en règle, le chauf­feur s’énerve et refuse qu’il aille s’asseoir.

Le jeune ado­les­cent insiste pour ren­trer dans le bus.

Le chauf­feur sort un cou­teau de cui­sine et se pré­ci­pite vers lui.

Nai­thy est vio­lem­ment poi­gnar­dé et fort tou­ché près du coeur.

Le jeune s’échappe dans la rue, l’agresseur essaye de le rattraper.

Le chauf­feur réa­lise son acte et décide de remon­ter dans son bus, afin de s’enfuir.

Nai­thy fort bles­sé arrive à le suivre et monte de jus­tesse dans le bus. Le jeune appelle la police. Une voi­ture des forces de l’ordre arrive et inter­pelle Nai­thy convain­cu que c’est l’agresseur et non la vic­time. Le jeune est sor­ti du bus par les poli­ciers mal­gré la période de grand froid.

Après de longues dis­cu­tions notam­ment avec quelques témoins, les poli­ciers réa­lisent qu’ils se trompent.

Le jeune est tou­jours main­te­nu dehors par la police, assis par terre. Le chauf­feur est dans le bus.

Une ambu­lance est appe­lée, le jeune Nai­thy demande aux poli­ciers à ce que cette der­nière ne vienne pas : (“je ne sais pas si ma maman a assez d’argent pour payer!”).

Les poli­ciers décident de ren­voyer l’ambulance.

Sous pres­sions par télé­phone de la socié­té de trans­port : (“nous n’a­vons pas suf­fi­sam­ment de chauf­feurs!”) les poli­ciers finissent par lais­ser par­tir en toute impu­ni­té l’agresseur.

Nai­thy rentre chez lui, sa mère décide de por­ter plainte dans la com­mune ou a eu lieu les faits.

La mère et le fils se rendent au com­mis­sa­riat de Grim­ber­ghen, les poli­ciers de ser­vice refusent d’accepter la plainte.

Dans la soi­rée, la famille se dirige à Bruxelles, dans la com­mune d’Ixelles, que la famille connait bien.

Au com­mis­sa­riat d’Ixelles, les poli­ciers en ser­vice refusent éga­le­ment d’accepter la plainte.

Mal­gré l’insistance de la mère face à la gra­vi­té des faits, il lui est impos­sible de dépo­ser plainte.

Après avoir ren­con­tré la mili­tante très active Mireille-Tsheu­si Robert (Bam­ko asbl), les asso­cia­tions “Vie meilleure en Afrique”, Nken­to asbl, Change asbl, s’or­ga­nisent et une grande mobi­li­sa­tion devant le com­mis­sa­riat de police d’Ixelles est orga­ni­sée aujourd’hui pour que Nai­thy puisse por­ter plainte.

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Après plus de 2h 46 min et une ambiance ten­due afin de dis­sua­der à nou­veau la famille, la plainte a enfin été déposée.

De nom­breux citoyens de toutes ori­gines ayant bra­vé le froid sont venus très nom­breux (plus de 200 per­sonnes) afin de sou­te­nir Nai­thy et sa mère.

Lors du drame, à l’exception du jour­nal la der­nière heure, qui a publié le 3 février 2017 un article dans la rubrique faits divers, aucun média n’a relayé l’info.

Le chauf­feur n’a pas été inter­pel­lé et ce der­nier conti­nue d’exercer tran­quille­ment sa profession.

Selon le rap­port du méde­cin, Nai­thy a eu un réflexe extra­or­di­naire en recu­lant en arrière, sans ce der­nier, le jeune ado­les­cent ce serait effon­dré et n’au­rait eu aucune chance d’être réanimé.

Le racisme a gan­gre­né notre socié­té et nos ins­ti­tu­tions ne sont cer­tai­ne­ment pas épargnées.

Les dis­cours popu­listes et racistes de cer­tains poli­ti­ciens, jour­na­listes et intel­lec­tuels ali­mentent la haine et engendrent de ter­ribles pas­sages à l’acte, un peu par­tout dans le monde.

Nous ne pou­vons envi­sa­ger un Monde meilleur tant que la jus­tice fonc­tion­ne­ra à deux vitesses.

Nai­thy nous rap­pelle aujourd’hui que l’indignation ne peut être sélec­tive et ne peut plus concer­ner « que cer­taines caté­go­ries de personnes »

Nai­thy nous rap­pelle par son humi­li­té et toute son huma­ni­té que nous por­tons tous une immense res­pon­sa­bi­li­té vis-à-vis de ces actes ignobles, voire inqua­li­fiables qui le plus sou­vent sont assurés
de toute impunité…

Mou­rad Bou­cif, cinéaste

Ixelles, same­di 11 février 2017

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