La politique, un divertissement médiatique comme un autre ?

Conférence-débat avec Philippe Riutort (sociologue): Avec le projet original de désacraliser la politique, de refuser la « langue de bois » et finalement de rénover le spectacle politique, les animateurs-producteurs pionniers du genre ont participé, à partir de la fin des années 1990, à la « peopolisation » des gouvernants et à la redéfinition de la figure publique de l’élu autour de qualités ajustées aux plateaux des émissions de divertissement.

Confé­rence-débat orga­ni­sée par Acri­med (octobre 2014), avec Phi­lippe Riu­tort (socio­logue).

Le 16 octobre 2014, Phi­lippe Riu­tort était l’in­vi­té d’ACRIMED dans le cadre d’un « Jeu­di d’Acrimed » pour débattre de la place prise par les émis­sions de diver­tis­se­ment dans la média­ti­sa­tion des res­pon­sables politiques.

Avec le pro­jet ori­gi­nal de désa­cra­li­ser la poli­tique, de refu­ser la « langue de bois » et fina­le­ment de réno­ver le spec­tacle poli­tique, les ani­ma­teurs-pro­duc­teurs pion­niers du genre ont par­ti­ci­pé, à par­tir de la fin des années 1990, à la « peo­po­li­sa­tion » des gou­ver­nants et à la redé­fi­ni­tion de la figure publique de l’élu autour de qua­li­tés ajus­tées aux pla­teaux des émis­sions de diver­tis­se­ment. Alors qu’il s’agissait au départ de rompre avec un cadre jour­na­lis­tique qui aurait contri­bué à favo­ri­ser le dés­in­té­rêt des citoyens pour la chose publique, on pour­ra s’interroger sur les ver­tus démo­cra­tiques d’une telle évo­lu­tion et notam­ment sur l’efficacité de ces dis­po­si­tifs pour cap­ter l’audience des caté­go­ries de la popu­la­tion sta­tis­ti­que­ment les moins inté­res­sées aux affaires publiques, et qui s’informent peu par les émis­sions pro­pre­ment poli­tiques : les classes popu­laires et les jeunes.

Si ces émis­sions se vou­laient dans un pre­mier temps pro­vo­ca­trices, la néces­si­té de s’assurer la venue de per­son­na­li­tés poli­tiques émi­nentes a conduit ani­ma­teurs et invi­tés à s’entendre sur des approches moins atten­ta­toires à l’ordre poli­tique, ce qui conduit les pre­miers à feindre de prendre la poli­tique au séreux. Mais quelle place ces pro­grammes réservent-ils au conte­nu pro­pre­ment poli­tique ? Les séquences fai­sant inter­ve­nir des res­pon­sables poli­tiques au cours d’émissions de diver­tis­se­ment consti­tuent-elles des « vec­teurs impli­cites de poli­ti­sa­tion » comme les « com­mu­ni­cants » se plaisent à le pen­ser, ou finissent-elles au contraire par dis­soudre la poli­tique dans le spec­tacle ? Fina­le­ment, les res­pon­sables poli­tiques, en se prê­tant au petit jeu de la mise en scène télé­vi­suelle de leur per­sonne, plus que de leur action, ne contri­buent-ils pas à nour­rir un cer­tain désen­chan­te­ment de la poli­tique, plu­tôt qu’à y remédier ?

Avec Phi­lippe Riu­tort, pro­fes­seur de sciences sociales et cher­cheur, spé­cia­liste de socio­lo­gie des médias et de la com­mu­ni­ca­tion (voir notam­ment Socio­lo­gie de la com­mu­ni­ca­tion poli­tique, Paris, La décou­verte, 2013), auteur, avec Pierre Leroux, cher­cheur et pro­fes­seur à l’Université catho­lique de l’Ouest, de La poli­tique sur un pla­teau. Ce que la télé­vi­sion fait à la repré­sen­ta­tion, Paris, Presses uni­ver­si­taires de France, 2013.

Par­tie 1 : pré­sen­ta­tion du débat et inter­ven­tion de Phi­lippe Riutort 

Par­tie 2 : ques­tions et débat

Source de l’ar­ticle : acri­med