Manifestation contre la répression des mapuches au Chili

24.08 2020 / 17h - 18h
Ambassade du Chili - Rue des Aduatiques 106, 1040 Bruxelles

Dans le sud du Chi­li, le conflit his­to­rique qui oppose les indi­gènes Mapuche aux forces de l’ordre se radi­ca­lise : incen­dies, menaces et confron­ta­tions armées se sont mul­ti­pliés ces der­niers mois. À tel point que les auto­ri­tés n’hésitent pas à par­ler de “ter­ro­risme” dans la région, et font usage de la force pour mater la rébel­lion. Des pra­tiques lar­ge­ment condam­nées par l’ONU et les défen­seurs des droits de l’Homme.

Face aux reven­di­ca­tions des Mapuche, l’É­tat chi­lien a mis en place une répres­sion sys­té­ma­ti­sée. Aujourd’hui, la région est for­te­ment mili­ta­ri­sée. Des voi­tures blin­dées, par­fois accom­pa­gnés de chars ou d’hélicoptères, patrouillent quo­ti­dien­ne­ment sur les che­mins d’accès aux com­mu­nau­tés. Les Mapuche sont régu­liè­re­ment confron­tés à la jus­tice, qui leur oppose la loi anti­ter­ro­riste, héri­tée de la dic­ta­ture de Pinochet.

Les paroles d’adieux du Machi Celestino Córdova

Nous publions ici les paroles d’adieux pro­non­cées par le machi Celes­ti­no Cór­do­va après 100 jours de grève de la faim. Il confirme sa réso­lu­tion de reprendre la grève de la faim et de la soif pour accé­lé­rer son départ :

« À la Nation et aux peuples ances­traux, à toutes les socié­tés non ances­trales du monde, à tous les peuples qui se battent pour leurs croyances spi­ri­tuelles, pour leur ter­ri­toire, pour leur liber­té, pour leurs droits à rendre digne leur peuple. A ceux qui sont tou­jours à la recherche de l’équilibre de l’ordre natu­rel de notre Terre-Mère, Ñuke Mapu, qui nous a pri­vi­lé­gié en tant qu’Humanité qui, mal­heu­reu­se­ment, n’a pas eu davan­tage conscience qu’on devait la valo­ri­ser comme elle le mérite.

Je suis vrai­ment déso­lé de devoir vous livrer mes der­niers mes­sages alors que je vis mes der­niers jours et que je vais me sacri­fier défi­ni­ti­ve­ment. Pour moi c’est une fier­té de sacri­fier ma vie pour mon peuple, les Mapuches, pour notre croyance spi­ri­tuelle sacrée, pour le refus de renon­cer à quoi que ce soit, et sur­tout pour ma condi­tion de Machi. C’est mon devoir sur­na­tu­rel dans le monde spi­ri­tuel. Pour que ma mort soit plus rapide, je reprends une grève sèche. Ain­si le dénoue­ment ne sera pas aus­si lent que les acteurs de tous les pou­voirs de l’Etat l’espèrent.

Par rap­port à ce que dictent le Gou­ver­ne­ment en place et tous les sec­teurs entre­pre­neu­riaux en géné­ral, je rap­pel­le­rai à l’Etat chi­lien jusqu’à mon der­nier souffle que cela ne sert à rien de mas­sa­crer nos ancêtres, qu’on ne peut pas accep­ter une pau­pé­ri­sa­tion for­cée de l’esprit, de la culture, de la vie socio-éco­no­mique. Notre peuple mapuche a été cruel­le­ment trai­té depuis l’invasion et actuel­le­ment depuis jan­vier 2013. L’Etat chi­lien au tra­vers de son ins­ti­tu­tion poli­cière m’a dépos­sé­dé de mon rewe, de ma famille, de ma com­mu­nau­té, de mon ter­ri­toire, de tous mes patients que j’ai gui­dé vers la vie et la san­té, étant une auto­ri­té spi­ri­tuelle mapuche. Mais il est grand temps de rendre jus­tice à tous les peuples ances­traux dans le monde, à tous les peuples oppri­més. C’est ain­si que nous sommes en train de vivre un renou­veau dans le monde sur­na­tu­rel­le­ment prédestiné.

En plus de remer­cier pro­fon­dé­ment la vie de m’avoir don­ner une famille et l’opportunité d’avoir été un petit contri­bu­teur à la lutte de notre peuple, d’avoir été au ser­vice de l’humanité, je suis heu­reux d’avoir ouvert le cœur de beau­coup de gens un peu par­tout dans le monde.

Pour finir, j’espère seule­ment que l’on conti­nue­ra à exi­ger de l’Etat chi­lien qu’il nous rende notre ter­ri­toire ances­tral mapuche, ain­si que toutes les dettes his­to­riques lais­sées par les peuples ances­traux. Exi­gez éga­le­ment qu’il ne fasse aucune autop­sie après ma mort.

Chal­tu­may, mer­ci beaucoup