Après son refus de payer sa dette, l’Islande fera le triple de la croissance de l’UE en 2012

L’Islande est le pays qui a nationalisé les banques privées et qui a emprisonné les banquiers responsables de la crise.

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Johan­na Sigu­roar­dot­tir (au milieu)

Je ne ces­se­rai jamais de répé­ter que l’Islande est LE pays à prendre en exemple,même s’il est com­plè­te­ment igno­ré des médias, s’il est loin ou quelle qu’en soit la rai­son pour ne pas en par­ler, c’est le pays à suivre ! Payer pour les banques ? Même pas en rêve, là bas ils ont été empri­son­nés ! Sau­ver les banques ? Elles ont été natio­na­li­sées. Quand à la crois­sance actuelle, elle se porte au mieux.

Islande a ter­mi­né l’année 2011 avec une crois­sance éco­no­mique de 2,1% et selon les pré­vi­sions de la Com­mis­sion euro­péenne, elle va faire le triple du taux de crois­sance atten­du pour l’UE en 2012 (La crois­sance de l’UE est pré­vue à 0,5% en 2012 contre 1,5% en Islande). Pour 2013 la crois­sance devrait atteindre 2,7%, prin­ci­pa­le­ment à cause de la créa­tion d’emplois. L’Islande est le pays qui a natio­na­li­sé les banques pri­vées et qui a empri­son­né les ban­quiers res­pon­sables de la crise. L’Islande a été le seul pays euro­péen qui a reje­té par un réfé­ren­dum citoyen le sau­ve­tage des banques pri­vées, lais­sant s’effondrer cer­taines d’entre elles et jugeant de nom­breux ban­quiers pour leurs crimes financiers.

Pen­dant ce temps dans un pays comme l’Espagne, le ministre l’économie qui fut un grand res­pon­sable chez Leh­man Bro­thers, a maquillé les soldes ban­caires et a gon­flé les résul­tats pour faire croire à une sol­va­bi­li­té du sys­tème finan­cier résul­tant de la déré­gle­men­ta­tion des mar­chés mais ce der­nier a fini par s’effondrer.

Glit­nir, Land­sban­kinn et Kaup­thing furent les banques natio­na­li­sées en 2008 pour évi­ter leur faillite et qui furent pla­cées sous contrôle démo­cra­tique, plu­tôt que de pro­fi­ter d’injections incon­di­tion­nelles de capi­taux publics, comme en Espagne ou dans les autres pays euro­péens. En juin der­nier, l’une d’elle Land­sban­kinn, a annon­cé son inten­tion de rem­bour­ser les inté­rêts aux déten­teurs d’hypothèques pour com­pen­ser les citoyens de payer leurs pertes.

La révolte paci­fique a débu­té en 2008, sans que celle-ci soit décrite dans les pages des grands médias euro­péens, qui ont men­tion­né dans des notes en bas de page que ce pays était un dan­ge­reux exemple à suivre. À la fin de 2008, l’ensemble des dette de l’Islande éga­lait à 9 fois son PIB. La mon­naie s’est effon­drée et la Bourse a sus­pen­du ses acti­vi­tés après une baisse de 76%.

Le pays a fait faillite et a ensuite reçu un prêt de 2 100 mil­lions de dol­lars du FMI et 2 500 mil­lions de dol­lars pro­ve­nant des pays nor­diques et de la Rus­sie. Le FMI, comme d’habitude, a exi­gé, en échange des mesures « d’ajustement » soit des cou­pures dans les dépenses sociales qui ont pro­vo­qué la colère de la popu­la­tion, la chute du gou­ver­ne­ment et la convo­ca­tion d’élections anti­ci­pées au début de 2009 dans les­quelles la gauche a rem­por­té la majo­ri­té abso­lue et pro­vo­quant l’effondrement du Par­ti de l’Indépendance, un par­ti conser­va­teur, qui était tra­di­tion­nel­le­ment la force domi­nante dans le pays, qui n’a conser­vé que 23,7% des voix.

Le Mou­ve­ment Gauche-Vert a gagné 21,7%, Alliance sociale-démo­crate 29,8%, le Par­ti pro­gres­siste 14,8% et Mou­ve­ment des citoyens 7,2%.

Johan­na Sigu­roar­dot­tir a été choi­si pour diri­ger le gou­ver­ne­ment réunis­sant des sociaux-démo­crates, et les éco­lo­gistes de gauche. En 2010, on a mis sur pied une assem­blée consti­tuante de 25 membres, des « citoyens ordi­naires » pour réfor­mer la Consti­tu­tion. Cette même année, le gou­ver­ne­ment a sou­mis à un réfé­ren­dum sur le paie­ment ou non de la dette contrac­tée par les banques pri­vées en faillite au Royaume-Uni et dans les Pays-Bas, mais 90% des gens ont refu­sé de payer.

Ses citoyens ont voté non à cause de l’effondrement de la Banque Ice­save et les gou­ver­ne­ments de ces pays couvrent les dépôts à capi­taux publics. Le FMI a gelé les prêts en espé­rant que l’Islande fini­rait par payer ses dettes illégitimes.

En sep­tembre 2010, l’ancien Pre­mier ministre Geir Haarde a été mis en pro­cès pour négli­gence dans la ges­tion de la crise. Inter­pol a éga­le­ment émis un man­dat d’arrêt inter­na­tio­nal contre l’ancien pré­sident de Sigur­dur Einars­son. En avril 2011, les citoyens ont de nou­veau dit non à un nou­veau réfé­ren­dum sur le paie­ment de la dette.

Après cela, au mois de décembre la banque Land­sban­ki a déci­dé de retour­ner une par­tie de la dette. Le mon­tant total des sommes ver­sées par Land­sban­ki, selon Ice­news à 350 mil­liards de cou­ronnes, soit envi­ron 33% de la dette totale. Pour­tant, « les comptes Ice­save ne repré­sentent seule­ment 4% des obli­ga­tions des ins­ti­tu­tions finan­cières du pays, soit envi­ron 4000 mil­lions d’euros. 96% res­tant ne pou­vait pas être ren­voyé aux créan­ciers, car il était com­plè­te­ment impos­sible de le faire parce que le paie­ments d’intérêts chaque année aurait dépas­sé les reve­nus du pays.

Dans les mots de l’économiste Jon Daniels­son : « Les (banques) ont accu­mu­lé une dette égale à plu­sieurs fois le PIB annuel. Il n’y a aucune pos­si­bi­li­té que les citoyens puissent payer cette dette. »

Il y a quelques jours, les res­pon­sable de la Fis­ca­li­té en Islande ont incul­pé deux offi­ciers supé­rieurs des banques qui ont com­mis des fraudes au moyen de prêts non auto­ri­sés pen­dant les opé­ra­tions qui ont conduit à son sys­tème finan­cier à s’effondrer en 2008 : l’ancien PDG res­pon­sable de la faillite de Glit­nir, Larus Wel­ding et le res­pon­sables des finances de l’entreprise, Gud­mun­dur Hjal­ta­son. Ils auraient abu­sé de leur posi­tion pour four­nir envi­ron 102 mil­lions d’euros sans la per­mis­sion, sans garan­ties de la part des béné­fi­ciaires et sans avoir consul­té le dépar­te­ment de ges­tion des risques.

Les agences de nota­tion Moo­dy, Stan­dard & Poor et Fitch font pres­sion pour punir l’endettement sans grand suc­cès et tou­jours en essayant d’ignorer la reprise éco­no­mique dans ce pays. Par ailleurs, en 2008, quelques mois avant l’effondrement de ses banques, le pays jouis­sait encore de la cote triple A don­née par ces mêmes organismes.

La Gar­nie. Journaliste. 

Source : les mou­tons enragés