Aux USA « Occupy Wall Street » grandit et avance

Quelques observateurs et activistes espèrent que certains d’entre eux puissent servir de détonateur à quelque chose de plus grand, vu le désenchantement et la colère populaire

Par David Brooks (est un jour­na­liste éta­su­nien du The New York Times et cor­res­pon­dant en USA pour le quo­ti­dien mexi­cain La Jornada)

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Pour la pre­mière fois depuis qu’a été convo­quée la mobi­li­sa­tion « Ocup­py Wall Street » il y a 10 jours, un syn­di­cat a offi­ciel­le­ment décla­ré son appui for­mel à l’occupation, tan­dis que d’autres syn­di­cats et grou­pe­ments com­mu­nau­taires pré­voient des marches d’appui dans les pro­chains jours, quelque chose qui pour­rait trans­for­mer une assem­blée à qui man­quait jusqu’à pré­sent la pré­sence d’organisations sociales.

La direc­tion de la sec­tion de New York du Syn­di­cat de Tra­vailleurs du Trans­port (TWU) – avec envi­ron 38 000 affi­liés, tra­vailleurs du métro et des auto­bus muni­ci­paux – a voté pour approu­ver son appui à « Ocup­py Wall Street » , a confir­mé un porte-parole à La Jor­na­da. Avec cela, a‑t-il affir­mé, il y aura une plus grande pré­sence des repré­sen­tants du syn­di­cat sur la dite Place de la Libér­té, à deux pas de Wall Street, où entre 100 et 200 mani­fes­tants occupent l’endroit depuis le 17 septembre.

« C’est assez cou­ra­geux ce que les mani­fes­tants font et ont réus­si don­ner un nou­vel objec­tif public à ce que nous avons main­te­nu tout ce temps : que Wall Street, les banques et les entre­prises qui ont pro­vo­qué cette catas­trophe … ne par­tagent pas le sacri­fice pour affron­ter à cela. Ce sont les tra­vailleurs qui doivent se sacri­fier tan­dis que les riches s’en sortent », a décla­ré un autre porte-parole de TWU, Jim Gan­non, à un média local. Par cela, il a affir­mé que l’appui for­mel du syn­di­cat est « une alliance natu­relle avec les jeunes et les étu­diants qui donnent voix à notre mes­sage. Pour­quoi ne pas nous joindre ?, nous sen­tons une affi­ni­té avec eux ».

D’un autre côté, des sources syn­di­cales ont infor­mé La Jor­na­da qu’elles orga­nisent une marche d’appui « tra­vail / com­mu­nau­taire » avec plu­sieurs grou­pe­ments cor­po­ra­tifs et sociaux locaux pour la semaine pro­chaine. Les trans­por­teurs rejoin­dront cette manifestation.

Ain­si, ce qui fut une occu­pa­tion for­mée par des indi­vi­dus non syn­di­qués, en majo­ri­té étu­diants blancs d’université, avec une mosaïque de vieux acti­vistes, qui ont répon­du à une convo­ca­tion par Inter­net et les réseaux cyber­né­ti­ciens presque sans effort pour se lier avec des orga­ni­sa­tions sociales ou estu­dian­tines, pour­rait chan­ger de pro­fil si tout à coup com­mencent à s’ajouter ces groupements.

Le pro­fil de cette occu­pa­tion, qui par son nombre si réduit était pas­sé presque inaper­çue, a pris d poids ces jours der­niers avec la visite et(ou) les témoi­gnages d’appui de figures connues comme le cinéaste Michael Moore, le phi­lo­sophe et l’activiste Cor­nel West, l’actrice Susan Saran­don et le comé­dien Ste­phen Colbert.

D’un autre côté, la ten­ta­tive de la police pour répri­mer une petite marche est deve­nue un scan­dale, qui a cap­té l’attention des médias de masse.

En même temps, on a vent de ten­ta­tives pour orga­ni­ser des actions simi­laires dans plu­sieurs villes, notam­ment Bos­ton, San Fran­cis­co et Chi­ca­go, mou­ve­ments qui sont, pour l’instant, aus­si de dimen­sion très réduite. Cepen­dant, quelques obser­va­teurs et acti­vistes espèrent que cer­tains d’entre eux puissent ser­vir de déto­na­teur à quelque chose de plus grand, vu le désen­chan­te­ment et la colère popu­laire que génère la crise éco­no­mique et l’inégalité de plus en plus mar­quée des revenus.

Mille orga­ni­sa­tions cherchent que « Wall Street rende des comptes »

Avec de telles actions , mais pas encore liées à « Ocup­py Wall Street », une nou­velle coa­li­tion natio­nale de plus de mille orga­ni­sa­tions reli­gieuses et com­mu­nau­taires, dont l’objectif est de faire que « Wall Street rende des comptes » aux familles qui souffrent de la crise, orga­ni­sant des mani­fes­ta­tions dans 10 villes cette semaine, sur­tout à San Fran­cis­co et à Bos­ton. Dans ses « actions directes », la coa­li­tion « The New Bot­tom Line » demande que les grandes banques paient plus d’impôts et mettent fin à la crise hypo­thé­caire, mais aus­si créent des postes de tra­vail. Ils affirment qu’ils ont été les contri­buables qui ont sau­vé les banques dans la crise finan­cière de 2007, et qu’il est temps que ceux-ci « paient le peuple ».

Par­mi les actions, des cen­taines ont mar­ché vers les bureaux des banques avec leurs reven­di­ca­tions, ils ont fait irrup­tion dans des récep­tions et des cock­tails de ban­quiers, et ils ont aus­si aidé les familles qui ont été expul­sées de leurs foyers pour ne pas avoir payé leurs hypo­thèques à réoc­cu­per leurs maisons.

Une autre coa­li­tion appelle à l’occupation de la Place de la Liber­té à Washing­ton le 6 octobre, deman­dant de finan­cer « des néces­si­tés humaines, pas l’avarice patro­nale ». Octobre, sou­tient-elle, marque l’année 11 de l’invasion de l’Afghanistan et l’entrée en vigueur du bud­get fédé­ral d’austérité. En majo­ri­té les grou­pe­ments anti­guerre affirment que des mil­liers d’étasuniens se réuni­ront sur la Place de la Liber­té « pour prendre le contrôle de notre pays et de nos vies » et pour éla­bo­rer des solu­tions « justes et durables » pour résoudre les crises qui existent ici.

« Ocup­py Wall Street » et la coa­li­tion « October2011 » ont endos­sé ces ini­tia­tives. Cer­tains affirment qu’il s’agit« d’occuper les deux têtes de la bête »

La Jor­na­da. Depuis New York, le 29 sep­tembre 2011.

Article en Espa­gnol

Tra­duit de l’espagnol pour El Cor­reo par : Estelle et Car­los Debiasi