Ce qui arrive à Assange devrait terrifier la presse

par Chris Hedges

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le grand soir

Le silence sur le trai­te­ment d’Assange n’est pas seule­ment une tra­hi­son à son égard, mais une tra­hi­son de la liber­té de la presse elle-même. Nous paie­rons cher cette complicité.

L’asile de Julian Assange à l’ambassade d’Equateur à Londres s’est trans­for­mé en une petite bou­tique des hor­reurs. Au cours des sept der­niers mois, il a été lar­ge­ment cou­pé de toute com­mu­ni­ca­tion avec le monde exté­rieur. Sa natio­na­li­té équa­to­rienne, qui lui a été accor­dée en tant que deman­deur d’asile, est en cours de révo­ca­tion. Sa san­té s’est dété­rio­rée. On lui refuse l’accès à soins médi­caux appro­priés [[A l’extérieur de l’ambassade — NdT]]. Ses efforts pour obte­nir répa­ra­tion ont été para­ly­sés par les « règles du bâillon » [[« Gag rules » — Une règle de bâillon est une règle qui limite ou inter­dit la dis­cus­sion, la consi­dé­ra­tion ou la dis­cus­sion d’un sujet par­ti­cu­lier par les membres d’un organe légis­la­tif ou exé­cu­tif. — NdT]], y com­pris les ordres équa­to­riens lui inter­di­sant de rendre publiques ses condi­tions de vie à l’intérieur de l’ambassade dans sa lutte contre la révo­ca­tion de sa citoyen­ne­té équatorienne.

Le Pre­mier ministre aus­tra­lien Scott Mor­ri­son a refu­sé d’intercéder en faveur d’Assange, un citoyen aus­tra­lien, même si le nou­veau gou­ver­ne­ment équa­to­rien, diri­gé par Lenín More­no — qui appelle Assange un “pro­blème héri­té” et un obs­tacle à de meilleures rela­tions avec Washing­ton — rend la vie du fon­da­teur de Wiki­Leaks dans cette ambas­sade insup­por­table. Presque tous les jours, l’ambassade impose des condi­tions plus dures à Assange, notam­ment en lui fai­sant payer ses frais médi­caux, en lui impo­sant des règles obs­cures sur la façon dont il doit prendre soin de son chat et en lui deman­dant d’effectuer diverses tâches ména­gères dégradantes.

Les Équa­to­riens, réti­cents à expul­ser Assange après lui avoir accor­dé l’asile poli­tique et la citoyen­ne­té, ont l’intention de rendre son exis­tence si pénible qu’il accep­te­rait de quit­ter l’ambassade pour être arrê­té par les Bri­tan­niques et extra­dé vers les États-Unis. L’ancien pré­sident de l’Equateur, Rafael Cor­rea, dont le gou­ver­ne­ment a accor­dé l’asile poli­tique à l’éditeur, qua­li­fie les condi­tions de vie actuelles d’Assange de “tor­ture”.

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Assange était loué et cour­ti­sé par cer­tains des plus grands médias du monde, dont le New York Times et le Guar­dian, pour les infor­ma­tions qu’il pos­sé­dait. Mais une fois que ses docu­ments sur les crimes de guerre com­mis par les États-Unis, en grande par­tie four­nis par Chel­sea Man­ning, ont été publiés par ces médias, il fut mis à l’écart et dia­bo­li­sé. Un docu­ment du Penta­gone qui a fait l’objet d’une fuite et pré­pa­ré par la Cyber Coun­te­rin­tel­li­gence Assess­ments Branch (Direc­tion du contre-espion­nage cyber­né­tique) du 8 mars 2008 a révé­lé une cam­pagne de pro­pa­gande visant à dis­cré­di­ter Wiki­Leaks et Assange. Le docu­ment dit que la cam­pagne de dif­fa­ma­tion doit cher­cher à détruire le “sen­ti­ment de confiance” qui est le “centre de gra­vi­té” de Wiki­Leaks et à salir la répu­ta­tion d’Assange. Cela a lar­ge­ment fonc­tion­né. Assange est par­ti­cu­liè­re­ment vili­pen­dé pour avoir publié 70 000 cour­riels pira­tés appar­te­nant au Comi­té natio­nal démo­crate (DNC) et à de hauts res­pon­sables démo­crates. Les démo­crates et l’ancien direc­teur du FBI, James Comey, affirment que les cour­riels ont été copiés des comptes de John Podes­ta, chef de cam­pagne de la can­di­date démo­crate Hil­la­ry Clin­ton, par des pirates du gou­ver­ne­ment russe. Comey a dit que les mes­sages ont pro­ba­ble­ment été trans­mis à Wiki­Leaks par un inter­mé­diaire. Assange a dit que les e‑mails n’avaient pas été four­nis par des “acteurs étatiques”.

Le Par­ti démo­crate, qui cherche à impu­ter sa défaite élec­to­rale à l’” ingé­rence ” russe plu­tôt qu’à la gro­tesque inéga­li­té des reve­nus, à la tra­hi­son de la classe ouvrière, à la perte des liber­tés civiles, à la dés­in­dus­tria­li­sa­tion et au coup d’Etat des entre­prises que le par­ti a aidé à orches­trer, accuse Assange d’être un traître, bien qu’il ne soit pas un citoyen amé­ri­cain. Ni un espion. Et à ma connais­sance, aucune loi ne lui inter­dit de publier les secrets du gou­ver­ne­ment US. Il n’a com­mis aucun crime. Aujourd’hui, les articles parus dans les jour­naux qui publiaient autre­fois des articles de Wiki­Leaks mettent l’accent sur son com­por­te­ment pré­ten­du­ment négli­geant — ce qui n’était pas évident lors de mes visites — et sur le fait qu’il est, selon les mots du Guar­dian, “un invi­té indé­si­rable” à l’ambassade. La ques­tion vitale des droits d’un édi­teur et d’une presse libre a cédé le place à la calom­nie contre la personne.

Assange a obte­nu l’asile à l’ambassade en 2012 afin d’éviter l’extradition vers la Suède pour répondre à des ques­tions sur des accu­sa­tions d’infractions sexuelles qui ont fina­le­ment été aban­don­nées. Assange crai­gnait qu’une fois déte­nu par les Sué­dois, il soit extra­dé vers les États-Unis [[Un accord d’extradition entre la Suède et les Etats-Unis auto­rise l’extradition d’une per­sonne comme simple « témoin » — NdT]]. Le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique a décla­ré que, bien qu’il ne soit plus recher­ché pour inter­ro­ga­toire en Suède, Assange sera arrê­té et empri­son­né s’il quitte l’ambassade pour avoir vio­lé les condi­tions de sa libé­ra­tion sous caution.

Wiki­Leaks et Assange ont fait plus pour dénon­cer les sombres machi­na­tions et crimes de l’Empire amé­ri­cain que toute autre orga­ni­sa­tion de presse. Assange, en plus de dénon­cer les atro­ci­tés et les crimes com­mis par l’armée amé­ri­caine dans nos guerres sans fin et de révé­ler les rouages internes de la cam­pagne Clin­ton, a ren­du publics les outils de pira­tage uti­li­sés par la CIA et la NSA, leurs pro­grammes de sur­veillance et leur ingé­rence dans les élec­tions étran­gères, notam­ment les élec­tions fran­çaises. Il a révé­lé le com­plot contre le chef du Par­ti tra­vailliste bri­tan­nique Jere­my Cor­byn par des dépu­tés tra­vaillistes au Par­le­ment. Et Wiki­Leaks s’est rapi­de­ment mobi­li­sé pour sau­ver Edward Snow­den, qui a expo­sé la sur­veillance totale du public amé­ri­cain par le gou­ver­ne­ment, de l’extradition vers les États-Unis en l’aidant à fuir Hong Kong pour Mos­cou. Les fuites de Snow­den ont éga­le­ment révé­lé, de façon inquié­tante, qu’Assange était sur une “liste de cibles d’une chasse à l’homme” américaine.

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Ce qui arrive à Assange devrait ter­ri­fier la presse. Et pour­tant, son sort se heurte à l’indifférence et au mépris sar­cas­tique. Une fois expul­sé de l’ambassade, il sera jugé aux États-Unis pour ce qu’il a publié. Cela crée­ra un pré­cé­dent juri­dique nou­veau et dan­ge­reux que l’administration Trump et les futures admi­nis­tra­tions uti­li­se­ront contre d’autres édi­teurs, y com­pris ceux qui font par­tie de la mafia qui tentent de lyn­cher Assange. Le silence sur le trai­te­ment d’Assange n’est pas seule­ment une tra­hi­son à son égard, mais une tra­hi­son de la liber­té de la presse elle-même. Nous paie­rons cher cette complicité.

Même si ce sont les Russes qui ont four­ni les cour­riels de Podes­ta à Assange, il a eu rai­son de les publier. C’est ce que j’aurais fait. Ces cour­riers ont révé­lé les pra­tiques de l’appareil poli­tique Clin­ton qu’elle et les diri­geants démo­crates cher­chaient à cacher. Au cours des deux décen­nies où j’ai tra­vaillé en tant que cor­res­pon­dant à l’étranger, des orga­ni­sa­tions et des gou­ver­ne­ments m’ont régu­liè­re­ment divul­gué des docu­ments volés. Ma seule pré­oc­cu­pa­tion était de savoir si les docu­ments étaient authen­tiques ou non. S’ils étaient authen­tiques, je les publiais. Par­mi ceux qui m’en ont trans­mis, il y avait les rebelles du Front de Libé­ra­tion Natio­nale Fara­bun­do Mar­ti (FMLN) ; l’armée sal­va­do­rienne, qui m’a un jour don­né des docu­ments du FMLN ensan­glan­tés trou­vés après une embus­cade, le gou­ver­ne­ment san­di­niste du Nica­ra­gua ; le Mos­sad, le ser­vice de ren­sei­gne­ment israé­lien ; le FBI ; la CIA ; le groupe rebelle du Par­ti des tra­vailleurs du Kur­dis­tan (PKK) ; l’Organisation de libé­ra­tion de la Pales­tine (OLP) ; le ser­vice de ren­sei­gne­ment fran­çais, la Direc­tion géné­rale de la sécu­ri­té exté­rieure, ou DGSE ; et le gou­ver­ne­ment serbe de Slo­bo­dan Milo­so­vic, qui a ensuite été jugé comme un cri­mi­nel de guerre.

Nous avons appris par les cour­riels publiés par Wiki­Leaks que la Fon­da­tion Clin­ton a reçu des mil­lions de dol­lars de l’Arabie saou­dite et du Qatar, deux des prin­ci­paux bailleurs de fonds de l’État isla­mique. En tant que secré­taire d’État, Hil­la­ry Clin­ton a rem­bour­sé ses dona­teurs en approu­vant la vente de 80 mil­liards de dol­lars d’armes à l’Arabie saou­dite, ce qui a per­mis au royaume de mener une guerre dévas­ta­trice au Yémen qui a déclen­ché une crise huma­ni­taire, notam­ment une grave pénu­rie ali­men­taire et une épi­dé­mie de cho­lé­ra, et fait près de 60 000 morts. Nous avons appris que Clin­ton avait tou­ché 675 000 $ pour une confé­rence chez Gold­man Sachs, une somme si énorme qu’elle ne peut être qua­li­fiée que comme un pot-de-vin. Nous avons appris que Mme Clin­ton avait dit aux élites finan­cières, lors de ses entre­tiens lucra­tifs, qu’elle vou­lait ” l’ouverture du com­merce et des fron­tières ” et qu’elle croyait que les diri­geants de Wall Street étaient les mieux pla­cés pour gérer l’économie, une décla­ra­tion qui allait direc­te­ment à l’encontre de ses pro­messes élec­to­rales. Nous avons appris que la cam­pagne Clin­ton avait pour but d’influencer les pri­maires répu­bli­caines pour s’assurer que Donald Trump était le can­di­dat répu­bli­cain. Nous avons appris que Mme Clin­ton avait obte­nu à l’avance les ques­tions posées lors du débat pen­dant les pri­maires. Nous avons appris, parce que 1 700 des 33 000 cour­riels pro­ve­naient d’Hillary Clin­ton, qu’elle était l’architecte prin­ci­pale de la guerre en Libye. Nous avons appris qu’elle croyait que le ren­ver­se­ment de Moam­mar Kadha­fi lui per­met­trait d’améliorer ses chances en tant que can­di­date à la pré­si­dence. La guerre qu’elle a vou­lu a plon­gé la Libye dans le chaos, vu la mon­tée au pou­voir des dji­ha­distes radi­caux dans ce qui est aujourd’hui un État en déli­ques­cence, déclen­ché un exode mas­sif de migrants vers l’Europe, vu les stocks d’armes libyens sai­sis par des milices rebelles et des radi­caux isla­miques dans toute la région, et fait 40 000 morts. Cette infor­ma­tion aurait-elle dû res­ter cachée ? Vous pou­vez dire oui, mais dans ce cas vous ne pou­vez pas vous qua­li­fier de journaliste.

“Ils sont en train de pié­ger mon fils pour avoir une excuse pour le livrer aux États-Unis, où il fera l’objet d’un simu­lacre de pro­cès”, a aver­ti Chris­tine Assange. “Au cours des huit der­nières années, il n’a pas eu accès à un pro­ces­sus juri­dique appro­prié. A chaque étape, c’est l’injustice qui a pré­va­lu, avec un énorme déni de jus­tice. Il n’y a aucune rai­son de pen­ser qu’il en sera autre­ment à l’avenir. Le grand jury amé­ri­cain qui pro­duit le man­dat d’extradition se tient en secret, a quatre pro­cu­reurs mais pas de défense ni de juge.

Le trai­té d’extradition entre le Royaume-Uni et les États-Unis per­met au Royaume-Uni d’extrader Julian vers les États-Unis sans qu’il y ait de preuve pri­ma facie. Une fois aux États-Unis, la Natio­nal Defense Autho­ri­za­tion Act per­met la déten­tion illi­mi­tée sans pro­cès. Julian risque d’être empri­son­né à Guantá­na­mo Bay et tor­tu­ré, d’être condam­né à 45 ans de pri­son de haute sécu­ri­té, ou la peine de mort.”

Assange est seul. Chaque jour qui passe lui est plus dif­fi­cile. C’est le but recher­ché. C’est à nous de pro­tes­ter. Nous sommes son der­nier espoir, et le der­nier espoir, je le crains, pour une presse libre.

Chris Hedges

Chris Hedges, a pas­sé près de deux décen­nies comme cor­res­pon­dant à l’étranger en Amé­rique cen­trale, au Moyen-Orient, en Afrique et dans les Bal­kans. Il a fait des repor­tages dans plus de 50 pays et a tra­vaillé pour The Chris­tian Science Moni­tor, Natio­nal Public Radio, The Dal­las Mor­ning News et The New York Times, pour les­quels il a été cor­res­pon­dant à étran­ger pen­dant 15 ans.

Tra­duc­tion “il y aura des comptes à rendre” par VD pour le Grand Soir avec pro­ba­ble­ment toutes les fautes et coquilles habituelles

#Unity4J : Christine Assange lance un appel d’urgence

(tra­duc­tion de la video)

Ceci n’est pas un exer­cice. C’est une urgence. La vie de mon fils, le jour­na­liste Julian Assange, est en dan­ger immi­nent et grave. Je vous remer­cie tous d’entendre l’appel d’une mère qui vous demande de l’aider à le sauver.

Bien que Julian soit un jour­na­liste pri­mé à maintes reprises, très aimé et res­pec­té pour avoir cou­ra­geu­se­ment dénon­cé, dans l’intérêt du public, des crimes graves et la cor­rup­tion à haut niveau, il est actuel­le­ment seul, malade, souf­frant et réduit au silence et à l’isolement, cou­pé de tout contact et tor­tu­ré au cœur de Londres. La pri­son moderne des pri­son­niers poli­tiques n’est plus la Tour de Londres mais l’Ambassade de l’Equateur.

Voi­ci les faits : Julian est déte­nu depuis près de huit ans sans incul­pa­tion. Vous avez bien lu : sans inculpation.

Au cours des six der­nières années, le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique a refu­sé ses demandes d’accès aux soins de san­té de base : air frais, exer­cice, soleil pour la vita­mine D et accès à des soins médi­caux et den­taires appro­priés. En consé­quence, sa san­té s’est sérieu­se­ment dété­rio­rée et les méde­cins qui l’examinent mettent en garde contre ces condi­tions de déten­tion qui mettent sa vie en dan­ger. Un assas­si­nat lent et cruel se déroule sous nos yeux à l’ambassade de Londres.

En 2016, après une enquête appro­fon­die, les Nations Unies ont sta­tué que les droits de Julian avaient été vio­lés à plu­sieurs reprises, qu’il était déte­nu illé­ga­le­ment depuis 2010, et ont ordon­né sa libé­ra­tion immé­diate, un sauf-conduit et son indem­ni­sa­tion. Le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique a refu­sé de se confor­mer à la déci­sion de l’ONU.

Le gou­ver­ne­ment amé­ri­cain a décla­ré que l’arrestation de Julian était une prio­ri­té. Ils veulent contour­ner la pro­tec­tion des jour­na­listes amé­ri­cains en ver­tu de leur Pre­mier Amen­de­ment [de la Consti­tu­tion US] en l’accusant d’espionnage. Ils ne recu­le­ront devant rien pour le faire.

En rai­son de la menace que les États-Unis font peser sur l’Équateur, son droit d’asile est main­te­nant direc­te­ment mena­cé. Les pres­sions exer­cées par les États-Unis sur le nou­veau pré­sident équa­to­rien ont conduit Julian à être pla­cé en iso­le­ment cel­lu­laire strict et sévère au cours des sept der­niers mois. Pri­vé de tout contact avec sa famille et ses amis. Seuls ses avo­cats peuvent lui rendre visite.

Il y a deux semaines, la situa­tion s’est consi­dé­ra­ble­ment aggra­vée. L’ancien pré­sident de l’Équateur, Rafael Cor­rea, qui a légi­ti­me­ment accor­dé à Julian l’asile poli­tique devant les menaces amé­ri­caines contre sa vie et sa liber­té, a publi­que­ment aver­ti que lorsque le vice-pré­sident amé­ri­cain Mike Pence s’est récem­ment ren­du en Équa­teur, un accord a été conclu pour livrer Julian aux États-Unis. Il a décla­ré que parce que le coût poli­tique d’une expul­sion de Julian était trop éle­vé, le plan consiste à le bri­ser men­ta­le­ment. Un nou­vel ensemble de règles et de pro­to­coles inhu­mains, impos­sibles à mettre en œuvre, a été mis en place à l’ambassade pour le tor­tu­rer au point de le faire cra­quer et le for­cer à partir.

En même temps, un membre du gou­ver­ne­ment équa­to­rien a ten­té à plu­sieurs reprises d’annuler la citoyen­ne­té équa­to­rienne [de Julian] afin qu’il puisse être extra­dé direc­te­ment vers les États-Unis.

Alors que ses avo­cats contes­taient cette der­nière vio­la­tion de ses droits humains en ver­tu de la Consti­tu­tion équa­to­rienne, l’avocat du gou­ver­ne­ment a aver­ti Julian que même son témoi­gnage décri­vant ses souf­frances pour­rait consti­tuer une vio­la­tion du nou­veau pro­to­cole et un motif d’expulsion de l’ambassade. Ils lui ont refu­sé la visite de ses avo­cats pen­dant quatre jours, avant l’audience de lun­di pro­chain, ce qui com­pro­met la pré­pa­ra­tion de son dos­sier et accroît encore son iso­le­ment, son anxié­té et son stress.

Ils sont en train de pié­ger mon fils pour avoir une excuse pour le livrer aux États-Unis, où il fera l’objet d’un simu­lacre de procès.

Au cours des huit der­nières années, il n’a pas eu accès à un pro­ces­sus juri­dique appro­prié. A chaque étape, c’est l’injustice qui a pré­va­lu, avec un énorme déni de jus­tice. Il n’y a aucune rai­son de pen­ser qu’il en sera autre­ment à l’avenir. Le grand jury amé­ri­cain qui pro­duit le man­dat d’extradition se tient en secret, a quatre pro­cu­reurs mais pas de défense ni de juge.

Le trai­té d’extradition entre le Royaume-Uni et les États-Unis per­met au Royaume-Uni d’extrader Julian vers les États-Unis sans qu’il y ait de preuve pri­ma facie. Une fois aux États-Unis, la Natio­nal Defense Autho­ri­za­tion Act per­met la déten­tion illi­mi­tée sans pro­cès. Julian risque d’être empri­son­né à Guantá­na­mo Bay et tor­tu­ré, d’être condam­né à 45 ans de pri­son de haute sécu­ri­té, ou la peine de mort.

Mon fils est en dan­ger cri­tique à cause d’une per­sé­cu­tion bru­tale et poli­tique par les tyrans au pou­voir dont il a cou­ra­geu­se­ment dénon­cé les crimes et la cor­rup­tion quand il était rédac­teur en chef de Wiki­Leaks. Les enti­tés cor­rom­pues qui, au gou­ver­ne­ment, parlent d’intimidation, de fausses nou­velles et de droits humains sont les mêmes brutes qui poussent mon fils à la mort.

Il sem­ble­rait que le jour­na­lisme cou­ra­geux, hon­nête et pri­mé à plu­sieurs reprises soit deve­nu une acti­vi­té dangereuse.

Les voies légales ont été sub­ver­ties, et il est donc peu pro­bable qu’elles puissent le sauver.

Parce qu’il s’agit d’une per­sé­cu­tion poli­tique trans­na­tio­nale par une super­puis­sance sau­vage en col­lu­sion avec ses alliés, sau­ver Julian néces­site l’indignation des peuples du monde.

Je vous demande de faire du bruit, beau­coup de bruit, et de conti­nuer à en faire jusqu’à ce que mon fils soit libé­ré. Nous devons pro­tes­ter contre cette bru­ta­li­té assourdissante.

J’en appelle à tous les jour­na­listes pour qu’ils se dressent, parce qu’il est votre col­lègue — et parce que vous serez les prochains.

J’en appelle à tous les poli­ti­ciens qui disent qu’ils sont entrés au Par­le­ment pour ser­vir le peuple, pour qu’ils se dressent maintenant.

J’en appelle à tous les acti­vistes qui sou­tiennent les droits de l’homme, les réfu­giés, l’environnement, et qui sont contre la guerre, à se dres­ser main­te­nant parce que Wiki­Leaks a ser­vi les causes que vous défen­dez, et Julian souffre main­te­nant pour cela, à vos côtés.

J’en appelle à tous les citoyens atta­chés à la liber­té, à la démo­cra­tie et à la jus­tice, à mettre de côté leurs diver­gences poli­tiques et à s’unir et à se mobi­li­ser maintenant.

La plu­part d’entre nous n’ont pas le cou­rage des lan­ceurs d’alerte, ni des jour­na­listes comme Julian Assange qui les publient, afin que nous soyons infor­més et aver­tis des abus de pou­voir. Mais nous pou­vons nous mobi­li­ser en masse et les protéger.

Tout au long de l’histoire, lorsque les abus de pou­voir sont deve­nus insup­por­tables pour le peuple, celui-ci s’est uni et s’est levé pour les faire cesser.

Le moment est venu de dire « ça suf­fit ! Nous, les gens, ne res­te­rons pas les bras croi­sés et ne regar­de­rons pas mou­rir ce cou­ra­geux journaliste.

Tra­duc­tion “gorge nouée et rage au ventre. Où sont les médias “alter­na­tifs” ?” par VD pour le Grand Soir avec pro­ba­ble­ment toutes les fautes et coquilles habituelles.

source : Le grand soir