Conférence-débat : La reconnaissance de l’Etat de Palestine, de Naïm Khader à aujourd’hui

28.05 2011 /
17h Palais du Midi - Rue Roger Van der Weyden 3 à 1000
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L’Association belgo-palestinienne a le plaisir de vous inviter à une conférence débat intitulée

La recon­nais­sance de l’Etat de Pales­tine, de Naïm Kha­der à aujourd’hui

Same­di 28 mai 2011 à 17h

Palais du Midi, Rue Roger Van der Wey­den 3 à 1000 Bruxelles (au 2e étage)

Image_1-84.pngLa confé­rence débat est orga­ni­sée à l’occasion du tren­tième anni­ver­saire de la mort de Naïm KHADER, repré­sen­tant de l’OLP en Bel­gique assas­si­né à Bruxelles le 1er juin 1981. Un hom­mage lui sera ren­du ain­si qu’à son action opi­niâtre pour la recon­nais­sance des droits du Peuple pales­ti­nien. Dans le pro­lon­ge­ment de son com­bat, deux per­son­na­li­tés qui l’ont connu et accom­pa­gné, nous par­le­ront de la recon­nais­sance de l’E­tat de Pales­tine d’hier à aujourd’hui :

Ilan HALEVI, Membre de la Com­mis­sion des Affaires étran­gères du Fatah

&

Jean SALMON, Pro­fes­seur émé­rite de droit inter­na­tio­nal à l’Université libre de Bruxelles

La confé­rence débat clô­tu­re­ra l’Assemblée Géné­rale sta­tu­taire de l’ABP. Infos et réser­va­tions : abp.eccp@skynet.be  — tel : 02 223 07 56

Lieu : Palais du Midi — Rue Roger Van der Wey­den 3 à 1000 Bruxelles (Gare du Midi, Trams 3, 4, Sta­tion Métro Lemonnier)


A qui a pro­fi­té l’as­sas­si­nat de Naïm Kha­der à Bruxelles en 1981 ?

Ce texte pro­vient pour par­tie d’un livre d’hom­mage à Naïm Kha­der publié par les Edi­tions Vie Ouvrière en novembre 1981, sous le titre “Naïm Kha­der — Le sens d’une vie”, et d’élé­ments figu­rant dans le livre de Robert Ver­dussent : “Naïm Kha­der — Pro­phète fou­droyé du peuple pales­ti­nien” — Ed. Le Cri — 2001

Naïm Kha­der est né le 30 décembre 1939 à Zabab­deh, petit vil­lage de Pales­tine, près de Dje­nine. Il était le sixième enfant d’une famille qui allait en comp­ter sept. Naïm Kha­der a neuf ans quand meurt son père, ber­ger et petit agriculteur.

Jus­qu’à 12 ans, Naïm Kha­der fré­quente le l’é­cole de son vil­lage dont le curé l’incite à pour­suivre ses études. L’a­do­les­cent se retrouve au petit sémi­naire de Beit Jala, dans les envi­rons immé­diats de Beth­léem. C’est là qu’il apprend le fran­çais, le cours d’a­rabe lui-même se don­nant dans la langue de Vol­taire. Après le petit, le grand sémi­naire, où le jeune homme fait, pen­dant cinq ans, de 1958 à 1963, des études extrê­me­ment brillantes.

Pen­dant la sixième année, au cours de laquelle les sémi­na­ristes sont appe­lés à pro­non­cer leurs voeux, Naïm Kha­der renonce à deve­nir prêtre.

Deux années d’en­sei­gne­ment dans des écoles locales, et d’hé­si­ta­tions aus­si quant à son ave­nir, puis Naïm Kha­der se décide : il s’ins­cri­ra à la Facul­té de Droit de l’U­ni­ver­si­té de Lou­vain, où il arrive en 1966.

Ses études, il les paye en exé­cu­tant de petits tra­vaux : il fait la lec­ture à un aveugle, le ser­vice dans des cafés, etc.

Doc­teur en droit en 1969, il reste à l’u­ni­ver­si­té et obtient un diplôme d’E­tudes des pays en voie de déve­lop­pe­ment. La même année, il est élu pré­sident du Cercle Inter­na­tio­nal des Etu­diants Etran­gers après avoir été Pré­sident des Etu­diants Arabes de l’U­ni­ver­si­té de Louvain.

En 1970, Naïm Kha­der com­mence, à l’U­ni­ver­si­té Libre de Bruxelles, une licence spé­ciale en droit inter­na­tio­nal. Ces études il les mène de pair avec son acti­vi­té pro­fes­sion­nelle : il est suc­ces­si­ve­ment employé à l’ambassade d’A­ra­bie Saou­dite et au bureau de la ligue Arabe en Bel­gique, chaque fois comme res­pon­sable du ser­vice de presse.

Mais déjà il s’est lan­cé dans l’ac­tion poli­tique. Ayant mili­té depuis 1968 dans le Fatah, le prin­ci­pal des mou­ve­ments qui com­posent l’Or­ga­ni­sa­tion de Libé­ra­tion de la Pales­tine , il se met au ser­vice de l’OLP dont il devient rapi­de­ment le repré­sen­tant officieux.

Ces acti­vi­tés aug­mentent au fur et à mesure que croît la sta­ture inter­na­tio­nale de l’OLP. Sa nomi­na­tion comme direc­teur du bureau de cette orga­ni­sa­tion à Bruxelles est, de ce point de vue, une consécration.

En octobre 1976 le gou­ver­ne­ment belge le recon­naît offi­ciel­le­ment. Les res­pon­sa­bi­li­tés de Naïm Kha­der prennent de plus en plus d’am­pleur. Son inser­tion dans les milieux belges est favo­ri­sée, non seule­ment par son zèle, ses qua­li­tés diplo­ma­tiques et intel­lec­tuelles, mais aus­si par une fami­lia­ri­té qu’explique, entre autres, son mariage, en 1972, avec une jeune Belge, Ber­na­dette Reynebeau.

Les mis­sions dont l’OLP charge Naïm Kha­der l’a­mènent à prendre part en plus à des ses­sions de l’as­sem­blée géné­rale des Nations-Unies, à un grand nombre de confé­rences inter­na­tio­nales orga­ni­sées entre autres sous l’é­gide de la CNUCED (Confé­rence des Nations-Unies pour le Com­merce et le Déve­lop­pe­ment), de la Confé­rence Inter­par­le­men­taire, de l’ECOSOC, du PNUD (Pro­gramme des Nations-Unies pour le Déve­lop­pe­ment). Il y dirige quel­que­fois fois la délé­ga­tion pales­ti­nienne et obtient pour son orga­ni­sa­tion des suc­cès impor­tants : recon­nais­sance par exemple de l’OLP comme membre à part entière du groupe asia­tique puis du « groupe des 77 » (groupe des pays non-alignés).

En même temps, il joue un rôle tou­jours plus mar­qué dans l’é­bauche le déve­lop­pe­ment du « Dia­logue Euro-Arabe ». À Bruxelles il mul­ti­plie les contacts avec la com­mis­sion qui dirige la CEE (Com­mu­nau­té Eco­no­mique Euro­péennes) et notam­ment avec Claude Cheys­son et Gas­ton Thorn ; on le ren­contre faire fré­quem­ment à Luxem­bourg et à Stras­bourg, au Par­le­ment Euro­péen. Si, lors de la confé­rence de Venise, en juin 1980, l’Eu­rope des Neuf recon­naît au peuple pales­ti­nien et à l’OLP une série de droits essen­tiels, l’in­las­sable acti­vi­té de Naïm Kha­der (qui était membre de la com­mis­sion des affaires étran­gères du Conseil Natio­nal Pales­ti­nien), dans les négo­cia­tions préa­lables, n’est pas étran­gère à ce tour­nant dans les rap­ports entre l’Eu­rope et le monde arabe.

Le 1er juin 1981 à 9h du matin, alors qu’il se ren­dait à son bureau, Naïm Kha­der a été abat­tu de sept balles de révol­ver devant son domi­cile. Une exé­cu­tion mani­fes­te­ment de la main d’un homme de main entraî­né, un “pro­fes­sion­nel”.

L’enquête judi­ciaire n’a jamais per­mis d’identifier les com­man­di­taires de cet assas­si­nat. On a soup­çon­né prin­ci­pa­le­ment le “groupe Abou Nidal” et les ser­vices secrets israé­liens. Un homme — un étu­diant pales­ti­nien vivant à Vienne — un simple exé­cu­tant si on admet­tait sa culpa­bi­li­té — a été jugé pour ce meurtre 18 ans après les faits, et acquit­té au béné­fice du doute.

L’OLP était — dit-on — sur le point, de nom­mer Naïm Kha­der pour la repré­sen­ter à Paris. L’an­nonce de cette dési­gna­tion était atten­due vers le 15 juin 1981. Naïm Kha­der était deve­nu, on l’a vu, un fami­lier de Claude Cheys­son, que Fran­çois Mit­ter­rand venait de nom­mer au poste de Ministre des Affaires étran­gères de la France.

D’au­cuns ont for­mu­lé l’hy­po­thèse que le gou­ver­ne­ment israé­lien n’é­tait pas exac­te­ment enchan­té par la pers­pec­tive de voir en poste à Paris un repré­sen­tant de l’OLP à la fois aus­si dyna­mique et ayant à ce point l’o­reille du nou­veau pou­voir. Cela aurait par­fai­te­ment pu jus­ti­fier sa liqui­da­tion. Cette hypo­thèse n’est d’ailleurs pas for­cé­ment contra­dic­toire avec celle d’une exé­cu­tion par le “Fatah-Conseil révo­lu­tion­naire” (déjà recon­nu res­pon­sable de l’é­li­mi­na­tion de plu­sieurs res­pon­sables de l’OLP en Europe, comme Saïd Ham­ma­mi à Londres et Ezze­dine Kalak à Paris), dans la mesure où le “groupe Abou Nidal” était consi­dé­ré comme ayant des rela­tions pour le moins troubles avec les ser­vices secrets israéliens.

« On ne sau­ra sans doute jamais qui a armé la main du tueur (…). Dans le doute, on a cou­tume de deman­der à qui pro­fite le crime. Dans le cas pré­sent, le pro­fit pour­rait bien être par­ta­gé. La ques­tion, dès lors, devrait être de savoir à qui ce crime-là pro­fite le plus.
Que le repré­sen­tant de l’OLP à Bruxelles ait réus­si à don­ner du peuple pales­ti­nien et de ses diri­geants une image qui gênait le gou­ver­ne­ment israé­lien de l’é­poque, pré­si­dé par le chef de la droite Mena­hem Begin, ne fait aucun doute. Il ne pré­sen­tait par le visage du ter­ro­risme auquel les diri­geants israé­liens vou­laient assi­mi­ler tout res­pon­sable pales­ti­nien. (…) Du côté des pays arabes, la déci­sion de l’OLP d’ac­cep­ter la coexis­tence de deux Etats sur la terre de Pales­tine lui avait valu l’op­po­si­tion des régimes les plus radi­caux, et avec eux des grou­pe­ments pales­ti­niens qu’ils pro­té­geaient. Pour ceux-là aussi,l’image du Pales­ti­nien telle que la pré­sen­tait Naïm Kha­der était gênante. Elle était celle de la capi­tu­la­tion devant l’en­ne­mi sio­niste, de l’a­ban­don du juste com­bat, de la tra­hi­son d’une cause arabe qui visait tou­jours la dis­pa­ri­tion d’Is­raël en tant qu’E­tat », note Robert Ver­dus­sen dans son livre consa­cré au repré­sen­tant de l’OLP à Bruxelles assas­si­né (voir les réfé­rences ci-dessous).

Naïm Kha­der repose au cime­tière chré­tien de Oum El-Hirav, à quelques kilo­mètres au sud de la capi­tale jordanienne.