Kalochori, chants des kurdes de Syrie

Amar et ses deux fils, Rody et Ronav, sont des artisans et musiciens de la région d’Afrine en Syrie du nord. Au début de l’année 2016, ils rejoignent l’Europe avec quelqu’unes de leurs affaires, notamment leurs instruments de musique.

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Au mois de juillet, au milieu d’un voyage, nous avons tra­ver­sés la Grèce.

Au bord de notre route, nous allions croi­ser le vil­lage d’Idoméni qui fut par­ti­cu­liè­re­ment média­ti­sé au cours de l’hiver 2015 : Der­nière com­mune avant la fron­tière Macé­do­nienne, au bord de la voie fer­rée, son immense ter­rain vague avait héber­gé un camp déme­su­ré pen­dant près de 6 mois. Abri, si l’on peut dire, de nom­breuses familles en exil. Pri­vé de l’en­ca­dre­ment des auto­ri­tés, sa situa­tion était proche de celle du camp de Calais, à ceci près que les réfu­giés d’Idoméni res­tèrent iso­lés de l’Europe, leur accueil lais­sé à la charge com­plète du gou­ver­ne­ment grec, jusqu’à leur pla­ce­ment dans les « hots­pots » admi­nis­trés par l’armée.

Nous avons ren­con­tré les Zenos dans la petite ville de Kalo­cho­ri (dans l’agglomération directe de Tessalonike).
Amar et ses deux fils, Rody et Ronav, sont des arti­sans et musi­ciens kurdes de la région d’Alep en Syrie du nord. 
Au début de l’année 2016, ils tentent de gagner l’Europe avec quelqu’unes de leurs affaires, notam­ment leurs ins­tru­ments de musique. La fer­me­ture de la fron­tière Macé­do­nienne (fin jan­vier 2016) leur impo­se­ra de s’établir au camp d’Idomeni. Fin mai, Ils rejoignent Kalo­cho­ri lors du dépla­ce­ment d’urgence des réfu­giés vers les nom­breux camps de la zone.

Le camp de Kalo­cho­ri compte envi­ron 500 réfu­giés kurdes, regrou­pés prin­ci­pa­le­ment en famille. Depuis son ouver­ture, les rési­dents ont redou­blés d’efforts pour construire une vie col­lec­tive dyna­mique. L’ambiance s’en est trou­vée rela­ti­ve­ment apai­sée, chaque habi­tant s’engageant dans la ges­tion com­mu­nau­taire des amé­na­ge­ments du camp et les nom­breuses dis­cus­sions que celle-ci entraine.

Après quelques dis­cus­sions, j’ai par­lé à Rody de ma volon­té d’enregistrer leur trio. Ils pré­pa­re­raient un réper­toire de leur choix, puis nous nous retrou­ve­rions le len­de­main pour la captation.

Dans la tente comme au quo­ti­dien, au milieu d’un paquet de ciga­rettes, ils chan­taient comme chaque jour en limant des bijoux. Cette fois-ci, tout de même, avec une atten­tion remar­quable. j’ai sen­ti qu’il s’agissait de trans­mettre ce réper­toire, asseoir sa force et sa per­ti­nence au milieu de l’exil.
Ce fut un concert. Aucune pause et une grande concen­tra­tion. Le ren­du est fidèle, c’est à dire brut et pré­caire, enre­gis­tré avec un seul micro, dans l’ordre de sa capture.

Si l’on y trouve des per­sonnes de toutes géo­gra­phies, pro­fes­sions, milieux sociaux, ayant eu accès aux hautes études ou à aucune d’entre-elles, la fatigue des camps uni­fie les visages.

Depuis quelques mois, l’atmosphère de Kalo­cho­ri s’est len­te­ment dégra­dée sous l’influence de plu­sieurs réseaux mafieux, patiem­ment infil­trés dans cha­cun des camps grecs. Récem­ment, après de mal­heu­reux évè­ne­ment, Amar et ses fils ont dû quit­ter Kalo­cho­ri. Nous ne connais­sons pas leur situa­tion exacte ni leur empla­ce­ment, mais les réseaux sociaux nous per­mettent de res­ter en contact.

Avec un mon­tant mini­mum de 6€, cha­cune des ventes de cet album numé­rique sera rever­sée aus­si vite que pos­sible à Amar, Rody et Ronav.

Après 2 mois de lutte absurde contre les algo­rithmes de pay­pal (et leur blo­cage auto­ma­tique de tout paie­ment pro­ve­nant d’un site inter­net qui contien­drait le mot « Syria »), une mise à jour de band­camp rend enfin pos­sible les sou­tiens. Pour toute contri­bu­tion, vous pou­vez désor­mais choi­sir le paie­ment par carte ban­caire, et contour­ner ain­si les robots décérébrés.

https://zenosyria.bandcamp.com/