Kidnapping des jeunes colons, punitions collectives pour les Palestiniens

Aucune preuve que le Hamas soit lié au kidnapping et au meurtre des 3 colons. Mais Netanyahu persiste, il veut la fin du gouvernement d'unité nationale.

Kid­nap­ping des jeunes colons, puni­tions col­lec­tives pour les Palestiniens 

Com­mu­ni­qué de l’Association Bel­go-Pales­ti­nienne – 18 juin 2014

Depuis l’enlèvement de trois jeunes colons israé­liens jeu­di der­nier près d’Hébron, Israël mène une véri­table cam­pagne de puni­tions col­lec­tives à l’égard des Pales­ti­niens. Plu­sieurs villes de Cis­jor­da­nie se retrouvent sous siège de l’armée israé­lienne. Gaza est quo­ti­dien­ne­ment bom­bar­dée. L’Association Bel­go-Pales­ti­nienne sou­ligne que ce genre de pra­tique est contraire au droit inter­na­tio­nal et appelle la Bel­gique et l’Union euro­péenne à fer­me­ment les condamner.

Depuis l’enlèvement des trois jeunes colons dans la région d’Hébron, les forces armées israé­liennes ont tué un homme de 20 ans, Ahmad Saba­rin, dans le camp de Jala­zoun au nord de Ramal­lah. Elles ont éga­le­ment arrê­té 200 Pales­ti­niens dans toute la Cis­jor­da­nie. Au total, huit dépu­tés du Conseil Légis­la­tif Pales­ti­nien ont été arrê­tés, dont le pré­sident Aziz Dweik. Le 15 juin, trois Pales­ti­niens ont été griè­ve­ment bles­sés par l’explosion d’une porte lors d’une opé­ra­tion d’arrestation à Hébron. Six jeunes Pales­ti­niens ont été bles­sés au check­point de Qalan­dya le 16 juin dont Yazan Yacoub, 17 ans, tou­ché à la poi­trine et à l’abdomen par des tirs israé­liens à balles réelles.

Israël a chas­sé l’Autorité pales­ti­nienne et assié­gé les villes d’Hébron, de Beth­léem et de Naplouse. Gaza passe sa troi­sième nuit sous les bom­bar­de­ments israéliens.

Aucune preuve n’a jusqu’ici confir­mé qu’il s’agisse d’un kid­nap­ping. Aucun grou­pe­ment n’a en effet reven­di­qué le kid­nap­ping. Israël accuse le Hamas mais ce der­nier n’a a prio­ri aucun avan­tage à com­mettre un tel acte dans les cir­cons­tances actuelles. Il y a quinze jours, le Pre­mier Ministre Neta­nya­hou subis­sait par contre un véri­table camou­flet du fait des applau­dis­se­ments inter­na­tio­naux géné­ra­li­sés du nou­veau gou­ver­ne­ment pales­ti­nien d’unité natio­nale. Accu­ser le Hamas du kid­nap­ping des trois jeunes colons lui donne donc une occa­sion d’ébranler la confiance du monde dans ce nou­veau lea­der­ship palestinien.

Il est néces­saire de sou­li­gner que l’enlèvement s’est pro­duit en zone C, c’est-à-dire sous le contrôle total de l’armée israé­lienne. L’Autorité Pales­ti­nienne ne peut en rien être mise en cause pour un manque de sécu­ri­té. En tant que puis­sance occu­pante, Israël faillit d’ailleurs régu­liè­re­ment à son obli­ga­tion de pro­té­ger les Pales­ti­niens de Cis­jor­da­nie, sou­vent vic­times de vio­lences com­mises par les colons.

Face à ces puni­tions col­lec­tives, Didier Reyn­ders et Cathe­rine Ash­ton gardent le silence et pré­fèrent condam­ner le kid­nap­ping des trois jeunes colons israé­liens. Un tel silence est com­plice laisse une fois de plus Israël agir en toute impunité.

Source : ABP

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Condam­ner les assas­si­nats, stop­per l’agression contre le peuple palestinien

Asso­cia­tion France Pales­tine Sso­li­da­ri­té, mar­di 1er juillet 2014

L’AFPS condamne fer­mement l’assassinat des trois jeunes colons dis­parus dans la région d’Hébron. Rien ne peut jus­tifier un tel assas­sinat. Comme rien ne peut jus­tifier les 12 assas­sinats déli­bérés de Pales­ti­niens sur­venus dans les opé­ra­tions de ces der­niers jours et la puni­tion col­lective de grande ampleur mise en œuvre contre le peuple palestinien.

Plu­tôt que de per­mettre une enquête appro­priée sur ces assas­sinats, Israël aggrave la puni­tion col­lective : les mai­sons des familles des deux Pales­ti­niens décla­rés cou­pables ont été immé­dia­tement démo­lies, Gaza inten­sément bom­bardée et des incur­sions vio­lentes ont été menées à Hébron et Jénine où un jeune de 16 ans été tué par balle cette nuit. Des colons ont ten­té d’enlever un enfant à Beit Hani­na, arra­ché à ses ravis­seurs in extre­mis par les pas­sants… L’armée et les colons se déchaînent.

Depuis des mois et des mois nous n’avons eu de cesse d’alerter sur l’extrême dan­ger qu’il y avait à lais­ser pour­rir la situa­tion. Lais­ser sans réac­tion les appren­tis sor­ciers de Tel Aviv bou­cher tout hori­zon poli­tique fon­dé sur le droit, c’est à coup sûr lais­ser s’installer la déses­pé­rance dans de larges sec­teurs du peuple pales­tinien et spé­cia­lement sa jeu­nesse. C’est ouvrir la porte au nihi­lisme et à la mort.

Que Fran­çois Hol­lande condamne l’assassinat et pré­sente ses condo­léances aux familles des trois jeunes est par­fai­tement nor­mal. Il est dans son rôle. Qu’il n’ait pas eu un mot sur les vic­times pales­ti­niennes est lamen­table et mal­heu­reu­sement dans la ligne des réac­tions expri­mées depuis le 12 juin qui ava­lisent la lec­ture israé­lienne de l’événement. Il y a là un grave man­quement. Plus de 1500 enfants pales­ti­niens ont été tués par les forces d’occupation israé­liennes depuis 2000 et, au mieux, nos gou­ver­nants n’ont trou­vé que le mot « déplo­rer » pour qua­lifier ces der­niers assassinats.

Appa­remment, pour les auto­rités fran­çaises la ques­tion « à qui pro­fite le crime ? » ne se pose pas. Elle est pour­tant incon­tour­nable : depuis le début Neta­nyahou se sent auto­ri­sé à toutes les exac­tions au nom de la lutte contre le « ter­ro­risme inter­na­tional ». Il va, si rien n’est fait pour s’y oppo­ser, s’enfoncer un peu plus dans cette spi­rale mor­tifère, lui qui déclare que les auteurs de l’assassinat sont des « ani­maux à forme humaine ». Écœu­rante déshu­ma­ni­sation de l’autre qui ne peut mener qu’à tou­jours plus de barbarie.

Le bilan de la puni­tion col­lective infli­gée, depuis le 12 Juin, à la popu­lation pales­ti­nienne est déjà très lourd. Neta­nyahou nous aver­tit que ce ne sont que des pré­li­mi­naires et pro­met encore plus de sang et de larmes. Avec l’objectif constant de cas­ser l’entente natio­nale pales­ti­nienne récem­ment réa­lisée et d’écarter pour long­temps toute solu­tion poli­tique en des­serrant les pres­sions internationales.

Aujourd’hui le résul­tat est là et le pire menace alors que la région s’enfonce dans le chaos. La popu­lation pales­ti­nienne ne doit pas être lais­sée à la mer­ci de ceux qui appellent au meurtre. Nous appe­lons la France à inter­venir en urgence à tous niveaux, y com­pris au Conseil de sécu­ri­té, pour empê­cher le pire et assu­rer la pro­tection du peuple palestinien.

Paris, le 1er juillet 2014

Source : AFPS