La Saga de Bradley Manning, Julian Assange, et Wikileaks, de quoi écrire une chanson et tourner un film.

Bradley Manning : Si vous aviez libre accès à des réseaux classifiés... et que vous trouviez des choses incroyables, terribles... (...) que feriez-vous ?

4_bradley_manning.jpgPar William BLUM, (né en 1933) est un écri­vain et jour­na­liste amé­ri­cain cri­tique de la poli­tique étran­gère des États-Unis.

« Les avo­cats de la défense disent que Man­ning était à l’évidence un jeune sol­dat per­tur­bé, que l’armée n’aurait jamais du envoyer en Irak ou accor­der l’accès à des docu­ments clas­si­fiés lorsqu’il était en poste là-bas… Ils disent qu’il était dans un état émo­tion­nel fra­gile, en par­tie parce qu’il était un sol­dat gay à une époque où les homo­sexuels ne pou­vaient pas faire offi­ciel­le­ment par­tie des forces armées US. » (Asso­cia­ted Press, 3 février)

Il est mal­heu­reux et trou­blant que les avo­cats de Brad­ley Man­ning aient choi­si une telle ligne de défense, basée sur l’idée que ce sont les pro­blèmes per­son­nels et les déboires qui étaient à l’origine de sa moti­va­tion pour remettre des cen­taines de mil­liers de docu­ments clas­si­fiés du gou­ver­ne­ment à Wiki­leaks. Ils ne devraient pas le pré­sen­ter comme ils le pré­sentent pas plus que Brad­ley ne devrait être jugé comme un cri­mi­nel ou un traître. Il devrait être salué comme un héros natio­nal. Oui, même lorsque les avo­cats s’adressent à un cer­veau mili­taire. Autant essayer de péné­trer ce cer­veau et d’y trou­ver le meilleur côté de la per­sonne qui y vit. Brad­ley aus­si porte un uniforme.

Voi­ci ce qu’écrit dit Brad­ley lors d’une conver­sa­tion via inter­net : « Si vous aviez libre accès à des réseaux clas­si­fiés… et que vous trou­viez des choses incroyables, ter­ribles… des choses qui appar­tiennent au domaine public, pas à un ser­veur sto­cké quelque part dans un pièce sombre à Washing­ton DC … que feriez-vous ? … Dieu sait ce qui arri­ve­ra main­te­nant. J’espère que ça pro­vo­que­ra des dis­cus­sions, des débats, des réformes par­tout dans le monde… Je veux que les gens connaissent la véri­té… parce que sans infor­ma­tion, on ne peut prendre en tant que public des déci­sions en toute connais­sance de cause. »

Est-ce que ces phrases vous donnent l’impression d’avoir été écrits par une per­sonne déran­gée ? Le Tri­bu­nal de Nurem­berg et les Conven­tions de Genève ne men­tionnent-ils pas ce devoir supé­rieur à la simple obéis­sance à son gou­ver­ne­ment, le devoir de dénon­cer les crimes de guerre com­mis par ce gouvernement ?

En-des­sous vous trou­ve­rez une liste de révé­la­tions trou­vées dans les câbles et vidéos du Dépar­te­ment d’Etat. Pour avoir révé­lé des com­por­te­ments embar­ras­sants et bien plus cou­pables, Brad­ley Man­ning de l’Armée des Etats-Unis et Julian Assange de Wiki­leaks pas­se­ront peut-être le reste de leur vie dans un don­jon moderne, dont une par­tie à subir cette forme sub­tile de tor­ture appe­lé « iso­le­ment ». Certes, il a été dit que les mau­vais trai­te­ments infli­gés à Man­ning avaient pour objec­tif de l’obliger à témoi­gner contre Assange et de l’impliquer. Des dizaines de membres des médias US et des offi­ciels ont appe­lé à l’exécution ou l’assassinat de Julian Assange. Sous la nou­velle loi Natio­nal Defense Autho­ri­za­tion Act, Assange pour­rait être enle­vé et assas­si­né. Dans quel siècle vivons-nous ? Dans quel monde ?

Ce fut après la publi­ca­tion des crimes de guerre amé­ri­cains telles que celle décrite dans la vidéo « col­la­te­ral mur­der » et les docu­ments publiés dans la série « Iraq War Logs », ren­dus publics par Man­ning et Wiki­leaks, que les Ira­kiens ont refu­sé d’exempter les forces US de toute pour­suite en jus­tice pour les crimes futurs. La vidéo montre un héli­co­ptère amé­ri­cain en train de tuer sans dis­cer­ne­ment plu­sieurs civils et deux jour­na­listes de Reu­ters, et bles­ser deux jeunes enfants, tan­dis que les pilotes de l’appareil poussent des cris de joie comme si leur attaque au cœur d’une ban­lieue de Bag­dad n’était qu’un jeu vidéo.

L’insistance du gou­ver­ne­ment ira­kien à exer­cer leur juri­dic­tion sur les sol­dats amé­ri­cains en cas de vio­la­tions de la loi ira­kienne – quelque chose que les Etats-Unis n’acceptent pour ain­si dire jamais dans les nom­breux pays où leurs troupes sont basées – a for­cé la main de l’administration Oba­ma qui a du reti­rer les der­nières troupes du pays.

Si Man­ning avait com­mis un crime de guerre en Irak au lieu de les révé­ler, il serait un homme libre aujourd’hui, comme des centaines/milliers de sol­dats amé­ri­cains cou­pables de crimes véri­ta­ble­ment odieux dans des villes comme Hadi­tha, Fal­lu­jah, et d’autres lieux aux noms qui res­te­ront char­gés d’infamie dans le pays de l’ancienne Mésopotamie.

A part d’avoir joué un rôle dans la fin de l’affreuse guerre en Irak, les révé­la­tions de Wiki­leaks ont aidé à déclen­cher le Prin­temps Arabe, en com­men­çant par la Tunisie.

Lorsque les Tuni­siens ont lu ou enten­du que les câbles US révé­laient toute l’étendue de la cor­rup­tion et le niveau de déca­dence de la famille au pouvoir
– un long câble détaillé était inti­tu­lé « cor­rup­tion en Tuni­sie : ce qui est à toi est à moi » — et que le sou­tien de Washing­ton à Ben Ali n’était pas vrai­ment très ferme, et que les Etats-Unis se sou­tien­draient pas la régime en cas de sou­lè­ve­ment popu­laire, ils sont des­cen­dus dans les rues.

Voi­ci un échan­tillon de cer­taines révé­la­tions de Wiki­leaks qui pour­raient être utiles aux peuples :

- En 2009, un diplo­mate japo­nais, Yukiya Ama­no, est deve­nu le chef de l’Agence Inter­na­tio­nale pour l’Energie Ato­mique, une agence qui joue un rôle impor­tant dans l’enquête sur le nucléaire ira­nien pour déter­mi­ner si l’Iran cherche à déve­lop­per l’arme nucléaire ou non. Un câble de l’ambassade US d’octobre 2009 dit qu’Amano « a lour­de­ment insis­té sur son sou­tien aux objec­tifs stra­té­giques US pour l’agence. Ama­no a rap­pe­lé à plu­sieurs reprises à l’ambassadeur (US) … qu’il était soli­de­ment implan­té dans le camp US sur toutes les ques­tions stra­té­giques, des nomi­na­tions aux hauts postes jusqu’au trai­te­ment de la ques­tion nucléaire ira­nienne ».

- La Rus­sie a nié les affir­ma­tions US selon les­quelles les mis­siles ira­niens pou­vaient atteindre l’Europe.

- l’enquête offi­cielle du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique sur son impli­ca­tion dans la guerre en Irak a été gra­ve­ment com­pro­mis par la pro­messe du gou­ver­ne­ment de pro­té­ger l’administration Bush au cours de l’enquête.

- Une conver­sa­tion entre le pré­sident yémé­nite Ali Abdul­lah Saleh et le géné­ral amé­ri­cain David H. Petraeus où Saleh explique qu’il cou­vri­ra le rôle des Etats-Unis dans les frappes par mis­sile contre une branche d’Al Qae­da au Yémen. « Nous conti­nue­rons de dire que ce sont nos bombes, pas les vôtres » a dit Saleh à Petraeus.

- L’ambassade US à Madrid a eu de sérieux points de fric­tion avec le gou­ver­ne­ment espa­gnol et la socié­té civile : a) en ten­tant de faire aban­don­ner les charges dans une affaire cri­mi­nelle contre trois sol­dats US accu­sés d’avoir tué un came­ra­man de la télé­vi­sion espa­gnole à Bag­dad, lorsqu’un tank US a tiré sans rai­son sur un hôtel où il rési­dait en com­pa­gnie d’autres jour­na­listes (sans oublier le rôle incon­gru de RSF pour venir en aide à l’armée US au lieu du jour­na­liste – NdT) ; b) des accu­sa­tions de tor­tures pré­sen­tées par une ONG espa­gnole contre six haut offi­ciels de l’administration Bush, dont l’ancien ministre de la jus­tice, Alber­to Gon­zales ; c) une enquête du gou­ver­ne­ment espa­gnole sur la tor­ture de res­sor­tis­sants espa­gnols à Guan­ta­na­mo ; d) un exa­men par la Jus­tice espa­gnole sur l’utilisation de bases et aéro­dromes mili­taires espa­gnols pour les enlè­ve­ments illé­gaux (« ren­di­tions ») ; e) une cri­tique per­ma­nente contre la guerre en Irak par le Pre­mier Ministre espa­gnol Zapa­te­ro, qui a finit par reti­rer les troupes espagnoles.

- Des offi­ciels du Dépar­te­ment d’Etat aux Nations Unies, ain­si que des diplo­mates US dans dif­fé­rentes ambas­sades, ont été dési­gnés pour recueillir le maxi­mum d’information sur des offi­ciels de l’ONU, dont le Secré­taire Géné­ral Ban Ki Moon, des repré­sen­tants des membres per­ma­nents du Conseil de Sécu­ri­té, des hauts-fonc­tion­naires de l’ONU, et des diplo­mates étran­gers : adresses de cour­rier, sites inter­net, noms d’utilisateur inter­net et mots de passe, clés pri­vés de cry­tage, numé­ros de cartes de cré­dit, numé­ros de cartes de fidé­li­té auprès des com­pa­gnies aériennes, horaires de tra­vail, et don­nées bio­mé­triques. Des diplo­mates US à l’ambassade à Asun­cion, Para­guay, ont été char­gés d’obtenir les dates, heures et numé­ros de télé­phone des appels reçus et émis par les diplo­mates chi­nois, ira­niens et des pays de gauche en Amé­rique latine, Cuba, Vene­zue­la et Boli­vie. Des diplo­mates US en Rou­ma­nie, Hon­grie et Slo­vé­nie ont été char­gés de four­nir les don­nées bio­mé­triques sur « les diri­geants actuels et mon­tants et les conseillers » ain­si que des infor­ma­tions sur la « cor­rup­tion » et sur la san­té et la « vul­né­ra­bi­li­té » des diri­geants. La direc­tive de l’ONU deman­dait aus­si spé­ci­fi­que­ment « des don­nées bio­mé­triques sur les haut offi­ciels de la Corée du Nord ». Un câble simi­laire aux ambas­sades de la région des Grands Lacs en Afrique pré­ci­sait que les don­nées bio­mé­triques devaient inclure des échan­tillons de DNA et des images des iris et des empreintes digitales.

- Un « obser­va­teur ira­nien » spé­cial dans la capi­tale de l’Azerbaidjan, Bakou, a fait le compte-ren­du d’une dis­pute qui a écla­té lors d’une réunion avec le Conseil Suprême de Sécu­ri­té Natio­nale de l’Iran. Il est écrit que le chef d’état-major de la Garde Révo­lu­tion­naire, Moham­med Ali Jafa­ri, a eu dis­pute vio­lente avec le pré­sident ira­nien Mah­moud Ahman­di­ne­jad et l’aurait giflé au visage parce que le pré­sident, géné­ra­le­ment conser­va­teur, aurait défen­du la liber­té de la presse.

- Le Dépar­te­ment d’Etat, pra­ti­que­ment seul dans tout le monde occi­den­tal, n’a pas clai­re­ment condam­né le coup d’état mili­taire du 28 juin 2009 au Hon­du­ras, même si le câble de l’ambassade sti­pu­lait « il ne fait aucun doute que l’armée, la Cour Suprême et le Congrès ont conspi­ré le 28 juin dans ce qui consti­tue un coup illé­gal et anti­cons­ti­tu­tion­nel contre la branche éxe­cu­tive. » Le sou­tien US au coup d’état n’a pas flanche depuis.

- La direc­tion du Par­ti Social Démo­crate sué­dois — la Suède neutre, paci­fiste, pro­gres­siste, selon le vieux mythe — a ren­du visite à l’ambassade US à Stock­holm pour deman­der conseil sur la meilleure manière de vendre la guerre en Afgha­nis­tan aux public sué­dois, en deman­dant si les Etats-Unis pou­vaient faire venir un membre du gou­ver­ne­ment afghan en Suède pour par­ler des efforts huma­ni­taires de l’OTAN en faveur des enfants, et ain­si de suite. [Depuis quelques années déjà, la Suède est deve­nue, offi­cieu­se­ment, un membre de l’OTAN et, à titre de faveur pour une cer­taine puis­sance occi­den­tale, le per­sé­cu­teur de Julian Assange.]

- Les Etats-Unis ont ten­té de pous­ser la Suède à adop­ter des lois sur les écoutes afin de pou­voir inter­cep­ter les com­mu­ni­ca­tions pas­sant par ce pays. L’intérêt des Etats-Unis était clair : 80% de tout le tra­fic inter­net de la Rus­sie passe par la Suède.

- le Pré­sident du Conseil Euro­péen, Her­man Van Rom­puy, a décla­ré en jan­vier 2010 à des offi­ciels de l’ambassade US à Bruxelles que per­sonne en Europe ne croyait plus en l’Afghanistan. Il a dit que l’Europe y par­ti­ci­pait par res­pect pour les Etats-Unis et que des résul­tats devaient être obte­nus en 2010, sinon « L’Afghanistan, pour l’Europe, c’est fini ».

- Les offi­ciels ira­kiens consi­dé­raient l’Arabie Saou­dite, et non l’Iran, comme la plus grande menace pour l’intégrité et la cohé­sion de leur état fra­gile. Les diri­geants ira­kiens ne man­quaient pas une occa­sion pour ras­su­rer leurs par­rains amé­ri­cains qu’ils étaient capables de « gérer » les Ira­niens, qui vou­laient la sta­bi­li­té ; mais que les Saou­diens vou­laient un état ira­kien « affai­bli et divi­sé », et même qu’ils « fomen­taient le ter­ro­risme qui allait désta­bi­li­ser le gou­ver­ne­ment ». De plus, le roi saou­dien vou­lait que les Etats-Unis pro­cèdent à des frappes aériennes contre l’Iran.

- Aram­co est accu­sée par les tri­bu­naux US d’avoir tra­fi­qué le prix du pétrole. Le ministre adjoint du pétrole saou­dien a dit qu’il vou­lait que les Etats-Unis accordent l’immunité légale à l’Arabie Saoudite.

- Des dona­teurs saou­diens étaient les prin­ci­paux finan­ciers de groupes mili­tants sun­nites tels qu’Al Qae­da, les Tali­ban, et Lash­kar-e-Tai­ba, qui a orga­ni­sé les atten­tats de 2008 à Mumbai.

- Pfi­zer, la plus grande com­pa­gnie phar­ma­ceu­tique au monde, a embau­ché des enquê­teurs pour trou­ver des preuves de cor­rup­tion chez le ministre de la jus­tice du Nige­ria pour le convaincre d’abandonner une action en jus­tice autour de tests cli­niques effec­tués en 1996 qui ont pro­vo­qué de ménin­gite chez des enfants.

- les géant pétro­lier Shell a affir­mé avoir « pla­cé des hommes » et tota­le­ment infil­tré le gou­ver­ne­ment du Nigeria.

- l’administration Oba­ma a réta­bli les rela­tions mili­taires avec l’Indonésie mal­gré de graves pré­oc­cu­pa­tions expri­mées par les diplo­mates US sur les acti­vi­tés de l’armée indo­né­sienne dans la pro­vince de Papoua­sie occi­den­tale, fai­sant part de leurs craintes que la négli­gence, la cor­rup­tion géné­ra­li­sée et les vio­la­tions des droits de l’homme du gou­ver­ne­ment indo­né­sien ne pro­vo­que­rait des troubles dans la région.

- des offi­ciels US ont col­la­bo­ré avec le ministre de la défense du Liban pour espion­ner, et per­mettre à Israël d’éventuellement d’attaquer, le Hez­bol­lah, quelques semaines avant la vio­lente confron­ta­tion mili­taire qui a écla­té à Bey­routh, en mai 2008.

- le pré­sident du Gabon, Omar Bon­go, est accu­sé d’avoir empo­ché des mil­lions par des détour­ne­ments de fonds dans des états afri­cains, et d’en avoir diri­gé une par­tie dans des par­tis poli­tiques fran­çais en sou­tien à Nico­las Sarkozy.

- Des câbles de l’ambassade US à Cara­cas en 2006 deman­daient au Secré­taire d’Etat US de mettre en garde le Pré­sident Hugo Cha­vez contre toute ten­ta­tive de l’armée véné­zue­lienne de défendre la révo­lu­tion cubaine dans l’éventualité d’une inva­sion amé­ri­caine à la mort de Castro.

- Les Etats-Unis étaient pré­oc­cu­pés que la chaîne de télé­vi­sion de gauche en Amé­rique latine, Tele­sur, dont le siège est au Vene­zue­la, ne col­la­bore avec al Jazee­ra du Qatar, dont la cou­ver­ture de la guerre en Irak avait aga­cé l’administration Bush.

- Le Vati­can, pré­oc­cu­pé par l’affaiblissement du pou­voir catho­lique en Amé­rique latine, a dit aux Etats-Unis qu’il vou­lait saper l’influence du pré­sident véné­zue­lien sur le conti­nent. Le Vati­can crai­gnait que Cha­vez ne dété­riore les rela­tions entre l’église catho­lique et l’état en assi­mi­lant la hié­rar­chie de l’église au Vene­zue­la aux classes privilégiés.

- Le Saint Siège approu­vait la main ten­due d’Obama à Cuba et espé­rait de nou­velles ini­tia­tives bien­tôt, éven­tuel­le­ment l’autorisation des visites pour les épouses des Cinq Cubains (empri­son­nés aux US – NdT). De meilleures rela­tions entre les Etats-Unis et Cuba pri­ve­rait Hugo Cha­vez d’un de ses sou­tiens prin­ci­paux sou­tiens et limi­te­rait son influence sans la région.

- Le monde mer­veilleux des diplo­mates : en 2010, le pre­mier ministre bri­tan­nique Gor­don Brown a sou­le­vé avec la secré­taire d’état Hil­la­ry Clin­ton la ques­tion des visas pour les épouses des Cinq Cubains. « Brown a deman­dé que les épouses (qui se sont vues refu­ser des visites pour les Etats-Unis) puissent rece­voir des visas pour visi­ter leurs époux en pri­son… Après avoir inter­ro­gé 10 Dow­ning Street (siège du pre­mier ministre – NdT), il s’avère que Brown a for­mu­lé cette demande après un enga­ge­ment auprès des syn­di­cats bri­tan­niques, qui font par­tie du noyau du Par­ti Tra­vailliste. Ayant for­mu­lé sa demande, Brown n’avait pas l’intention d’y reve­nir. Aucune action n’est donc requise. »

- Des offi­ciels GB ont dis­si­mu­lé au Par­le­ment com­ment les Etats-Unis ont été auto­ri­sés à intro­duire des bombes à frag­men­ta­tion sur le sol bri­tan­nique en vio­la­tion d’un trai­té qui inter­dit la pré­sence de telles armes.

- Un câble a été envoyé en 2006 par un offi­ciel à la Sec­tion des Inté­rêts Nord-Amé­ri­cains à la Havane (en l’absence d’ambassade, repré­sen­ta­tion diplo­ma­tique US à la Havane – NdT), au cours des pré­pa­ra­tifs pour le Som­met du Mou­ve­ment des pays Non-Ali­gnés. Il y pré­ci­sait qu’il cher­chait acti­ve­ment « des his­toires humaines inté­res­santes qui bri­se­rait le mythe des prouesses de la méde­cine cubaine ». [appa­rem­ment des­ti­nées à affai­blir le sou­tien à Cuba chez les par­ti­ci­pants au sommet]

- La plu­part des hommes envoyés à Guan­ta­na­mo était inno­cents ou de simples exé­cu­tants ; beau­coup d’innocents avaient été ven­dus aux Etats-Unis pour tou­cher les primes.

- Dyn­Corp, un grand sous-trai­tant de l’armée US qui affiche près de 2 mil­liards de reve­nus par an grâce aux contri­buables US, a orga­ni­sé des « bal­lets bleus » pour des recrues de la police Afghane. (Oui, vous avez bien lu).

- Bien que les admi­nis­tra­tions Bush et Oba­ma aient tou­jours affir­mé publi­que­ment qu’il n’y avait pas de bilan offi­ciel du nombre de vic­times civiles, les docu­ments Iraq War Logs et Afgha­nis­tan War Logs ont démon­tré que c’était faux.

- Des tor­tion­naires égyp­tiens connus ont reçu une for­ma­tion à l’académie du FBI à Quan­ti­co en Virginie.

- les Etats-Unis ont exer­cé une forte pres­sion sur le gou­ver­ne­ment haï­tien pour inter­rompre dif­fé­rents pro­jets, sans aucune consi­dé­ra­tion pour le bien-être du peuple haï­tien. Un câble de 2005 a sou­li­gné l’insistance des Etats-Unis à mettre tout en œuvre pour empê­cher l’ancien pré­sident Jean-Ber­trand Aris­tide, que les Etats-Unis avaient ren­ver­sé l’année pré­cé­dente, de retour­ner en Haï­ti ou d’exercer une influence sur la vie poli­tique haï­tienne. En 2006, la cible de Washing­ton devint le Pré­sident René Pré­val pour son accord avec le Vene­zue­la pour rejoindre l’alliance pétro­lier cari­béen de Cara­cas, Petro­Ca­ribe, sous lequel le Haï­ti pou­vait ache­ter du pétrole véné­zue­lien à 60 % du prix comp­tant et le solde sur 25 ans à 1% d’intérêt. En 2009, le Dépar­te­ment d’Etat a sou­te­nu une grande entre­prise amé­ri­caine qui s’opposait au relè­ve­ment du salaire mini­mum pour les tra­vailleurs haï­tiens, les plus mal payés de tout le continent.

- Les Etats-Unis ont eu recours aux menaces, à l’espionnage, et plus encore pour peser sur la confé­rence sur le cli­mat qui s’est tenue en 2009 à Copenhague.

- Mah­moud Abbas, pré­sident de l’Autorité Pales­ti­nienne, et diri­geant de mou­ve­ment Fatah, s’est adres­sé à Israël pour l’aider à atta­quer le Hamas à Gaza en 2007.

- Le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique a for­mé une force para­mi­li­taire au Ban­gla­desh condam­née par les orga­ni­sa­tions de défense des droits de l’homme comme « un esca­dron de la mort gouvernemental ».

- Un ordre mili­taire US a ordon­né aux forces mili­taires amé­ri­caines de ne pas enquê­ter sur la tor­ture des déte­nus irakiens.

- Les Etats-Unis ont été impli­qué dans la cam­pagne du gou­ver­ne­ment aus­tra­lien en 2006 pour ren­ver­ser le pre­mier ministre des Iles Salo­mon, Manas­seh Sogavare.

- En 2009, un câble US a dit que les bru­ta­li­tés poli­cières en Egypte contre les petits délin­quants pour leur arra­cher des aveux étaient mon­naie cou­rante et routinières.

- Les diplo­mates US ont fait pres­sion sur le gou­ver­ne­ment alle­mand pour étouf­fer le pro­cès enga­gé contre des agents de la CIA pour l’enlèvement et la tor­ture de Kha­lid El-Mas­ri, citoyen alle­mand. [El-Mas­ri avait été kid­nap­pé par la CIA pen­dant ses vacances en Macé­do­nie, le 31 décembre 2003. Il avait emme­né par avion à un centre de tor­ture en Afgha­nis­tan, où il a été bat­tu, affa­mé et sodo­mi­sé. Le gou­ver­ne­ment US l’a libé­ré au som­met d’une col­line en Alba­nie cinq mois plus tard, sans un sou en poche et sans moyens pour ren­trer chez lui.]

- Un câble de 2005 fai­sait état « de graves tor­tures géné­ra­li­sées » en Inde, la fameuse « plus grande démo­cra­tie du monde ». Le Comi­té Inter­na­tio­nal de la Croix-Rouge a signa­lé : « les mau­vais trai­te­ments per­sis­tants, mal­gré les dia­logues répé­tés avec le ICRC-GO (gou­ver­ne­ment indien), nous font croire que New Del­hi approuve la tor­ture. » Washing­ton en avait été infor­mée des années aupa­ra­vant. Et qu’ont fait les Etats-Unis, un des plus grands tor­tion­naires de ces der­niers 100 ans ? Les diri­geants US, y com­pris les diri­geants actuels, ont conti­nué de faire des dis­cours sur « la plus grande démo­cra­tie au monde », comme si la tor­ture et l’un des pires taux de misère et de sous-ali­men­ta­tion des enfants au monde n’entrait pas en contra­dic­tion avec l’idée même de démocratie.

- Les Etats-Unis ont levé l’interdiction de for­mer les forces spé­ciales de l’armée indo­né­sienne – mal­gré leur bilan de déten­tions arbi­traires, de tor­tures et de meurtres – après que le pré­sident Indo­né­sien ait mena­cé de per­tur­ber la visite du Pré­sident Oba­ma dans le pays en novembre 2010.

- Depuis 2006 au moins, les Etats-Unis financent des groupes d’opposition en Syrie, y com­pris une chaîne de télé­vi­sion qui émet des pro­grammes anti­gou­ver­ne­men­taux dans le pays.

William BLUM

Source Ori­gi­nale : http://killinghope.org/bblum6/aer103.html

Tra­duc­tion VD pour LGS