Manifester et construire un rapport de force

Une réduc­tion col­lec­tive du temps de tra­vail est une “pro­po­si­tion construc­tive” mais qui ne sera pas mise en appli­ca­tion sans un rap­port de force !

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Voi­là pour­quoi je pense qu’il faut mani­fes­ter et construire un rap­port de force face aux nom­breuses attaques dont les tra­vailleuses et les tra­vailleurs (avec et sans emploi, avec et sans papiers) sont la cible :

> Parce que, les chiffres de la banque mon­diale le prouve, la richesse par habi­tant ne cesse de croître en Bel­gique. Pour­quoi, dès lors, fau­drait-il accep­ter des reculs sociaux dans ce cadre ? Pour­quoi devrions-nous accep­ter de détruire des emplois alors qu’il y a tant de chô­mage ? Pour­quoi les tra­vailleur-se‑s devraient-ils se sou­mettre à la flexi­bi­li­té exi­gée par les employeurs ? Où va la richesse si ce n’est pas à ceux et celles qui la pro­duisent et à la population ?

> Parce que si on accepte de dégra­der nos condi­tions de vie et d’emploi pour rejoindre le niveau de vie de Chi­nois ou des Indiens, demain on nous met­tra en concur­rence avec les Phi­lip­pines ou l’E­thio­pie alors que nous devons, ensemble, défendre des meilleures condi­tions de vie pour toutes et tous à tra­vers le monde, un ali­gne­ment par le haut et non un ali­gne­ment vers le bas,

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> Parce que, si on peut aujourd’­hui, nous mettre en concur­rence avec des tra­vailleur-se‑s du bout du monde c’est parce qu’à par­tir des années 70 des choix poli­tiques ont été posés comme l’Acte Unique euro­péen (et d’autres pro­jets comme le TTIP et le CETA) qui orga­nise la liber­té de cir­cu­la­tion des biens, des ser­vices, des tra­vailleurs et sur­tout des capi­taux. C’est ce qui per­met aujourd’­hui d’or­ga­ni­ser le “shop­ping” des grandes firmes qui choi­sissent les para­dis fis­caux et les pays où les condi­tions de tra­vail sont les moins bonnes. Nous refu­sons de nous sou­mettre à une logique qui nous met dos contre dos entre tra­vailleur-se‑s au grand pro­fit de ceux et celles qui détiennent les capitaux.

> Parce que, dans l’his­toire, tous les droits (d’ex­pres­sion, de vote, à l’a­vor­te­ment, à des congés payés, à une pro­tec­tion sociale, au res­pect des mino­ri­tés…) ont été le résul­tat de luttes … Tout ce qui a été essayé d’autre n’a pas eu de résul­tats tan­gibles. Sans luttes, nos condi­tions de vie se dégradent, les tra­vailleur-se‑s sont de plus en plus vic­times de burn out, les salaires dimi­nuent entraî­nant des ratés dans l’é­co­no­mie, aucune tran­si­tion éner­gé­tique n’est envi­sa­gée (le sec­teur des hydro­car­bures ne veut pas voir ses pro­fits dimi­nuer), les ser­vices publics sont pri­va­ti­sés, etc, etc.

Une réduc­tion col­lec­tive du temps de tra­vail est une “pro­po­si­tion construc­tive” mais qui ne sera pas mise en appli­ca­tion sans un rap­port de force !

Myriam Dje­gham

(MOC/D19-20)

Pho­tos : Col­lec­tif Krasnyi
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