Projection film : “LOUBIA HAMRA”

18.09 2015 /
20h Théâtre Poème. Rue d'Écosse 30, 1060 Bruxelles

Ven­dre­di 18 Sep­tembre à 20h00

* Pre­mière *

“LOUBIA HAMRA” de Mari­mane Mari, 2013, Algé­rie, 87′

17 enfants explosent tout ce qui ne bouge pas, inépui­sables de gestes et de cris. Héros magni­fiques d’une guerre sans écri­ture : pen­dant que l’armée fran­çaise mitraille l’OAS, les enfants pillent l’armée fran­çaise : de l’huile, du cho­co­lat, la semoule, du sucre et même un pri­son­nier de guerre condam­né à man­ger un plat de hari­cots. Mais la guerre rat­trape la belle aven­ture et ensan­glante les hari­cots. Avec la force ima­gi­na­tive et trans­gres­sive de l’enfance, ce film dit la fin de l’Algérie Française.

Sur une plage d’Algérie, des gamins bar­botent, dorment, se cha­maillent — puis, sou­dain, s’en vont en guerre. Ni Sa majes­té des Mouches, ni La Guerre des bou­tons. Nari­mane Mari, pour son pre­mier long-métrage empli de grâce, filme de près cette mêlée enfan­tine, au rythme acci­den­té d’une ima­gi­na­tion qui emprunte au grand vrai, à l’Histoire natio­nale : à la guerre d’indépendance, rien de moins. Quand le « pour de faux » devient le moteur d’un embal­le­ment géné­ral, on pro­gresse alors dans un éclat de cris et de paroles en l’air, aux trousses de cette volée d’enfants dont le pas déci­dé mar­tèle les esca­liers, enva­hit les mai­sons, et tra­verse les places de vil­lage, avant d’étendre le temps aux dimen­sions d’un rêve dans une cho­ré­gra­phie d’ombres guer­rières ou une explo­ra­tion noc­turne du cime­tière qui annoncent les dan­gers à venir. Car Lou­bia Ham­ra joue, elle aus­si, l’audace d’une inver­sion. À l’écrasant tra­gique — la colo­ni­sa­tion, la guerre — elle sub­sti­tue le fra­gile, à l’image de ces « petits pois­sons qui n’ont pas de mes­sage » flot­tant dans la Médi­ter­ra­née, fron­tière mou­vante qui ouvre et clôt le film. Sérieuse comme dans les jeux d’enfants, l’Histoire est rame­née à la taille sans mesure d’un fan­tas­tique théâtre de sil­houettes, et d’autant plus grave que l’enfance n’y est pas englou­tie, mais sur­nage, rivale, inac­com­plie, libre encore d’un des­tin écrit.” Céline Guénot