Qui était Oumar Dansoko, ce jeune guinéen qui s’est immolé par le feu à Bruxelles ?

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Arrivé en Belgique il y a un peu de cinq ans, Oumar Dansoko a demandé l’asile auprès des autorités belges...

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Le jeune gui­néen qui s’est immo­lé par le feu dans les locaux de Feda­sil (Fédé­ra­tion d’ac­cueil pour deman­deurs d’a­sile), jeu­di 2 avril der­nier, et qui a suc­com­bé le len­de­main à ses bles­sures, s’appelle Oumar Dansoko.

Agé de 25 ans, Oumar Dan­so­ko est ori­gi­naire de la sous pré­fec­ture de Koïn, dans la pré­fec­ture de Tou­gué, au nord de la Guinée.

Arri­vé en Bel­gique il y a un peu de cinq ans, Oumar Dan­so­ko a deman­dé l’asile auprès des auto­ri­tés belges.

D’après le par­quet de Bruxelles, le jeune Oumar avait déjà épui­sé toute la pro­cé­dure d’asile.

Tout a com­men­cé, faut-il le rap­pe­ler, ce jeu­di 2 avril der­nier, vers 11 heures, quand Oumar Dan­so­ko s’est pré­sen­té dans les locaux de Feda­sil. Dans la salle d’attente, il a expri­mé le besoin d’aller aux toi­lettes, où il est res­sor­ti en flamme ! Il venait de s’immoler par le feu soit, selon les témoins, à l’aide de l’essence ou de tout autre liquide inflam­mable. Sur place, le per­son­nel de Feda­sil, à l’aide d’un extinc­teur, a réus­si à éteindre le feu, avant d’appeler les secours. Ces der­niers ont donc éva­cué le jeune gui­néen, visi­ble­ment atteint, au centre des grands brû­lés de l’hôpital mili­taire de Nede-Over-Heem­beek de Bruxelles. Où il sui­vait des soins inten­sifs. Brû­lé au troi­sième degré, Oumar Dan­so­ko, a fina­le­ment suc­com­bé à ses bles­sures ven­dre­di 3 avril.

Infor­mé par les auto­ri­tés belges, Dr Ous­mane Syl­la, ambas­sa­deur de Gui­née, a recher­ché les proches du jeune homme. A la tête d’une délé­ga­tion, com­po­sée du per­son­nel de l’ambassade, des sages de la com­mu­nau­té gui­néenne, des proches ain­si que des amis de la vic­time, l’ambassadeur Syl­la s’est ren­du à l’hôpital mili­taire de Neder-Over-Heem­beek de Bruxelles pour avoir la cer­ti­tude qu’il s’agit bien d’un gui­néen. Après iden­ti­fi­ca­tion, un cer­tain Kou­rou­ma fai­sant par­tie de cette délé­ga­tion et ami du défunt, l’a tout de suite reconnu.

Selon le par­quet de Bruxelles, qui a annon­cé le décès, Oumar Dan­so­ko, « avait pris connais­sance depuis quelques temps que sa situa­tion était sans appel, mais pas­sait régu­liè­re­ment dans les locaux de Feda­sil pour béné­fi­cier d’une aide médi­cale. » « Tous les élé­ments de l’en­quête laissent pen­ser qu’il s’a­git d’un acte déses­pé­ré », soutient-il.

Mar­di 6 avril vers 14h, la dépouille mor­telle de Oumar Dan­so­ko sera expo­sée à la morgue de l’hôpital mili­taire de Neder-Over-Heem­beek. Où tous ses com­pa­triotes dési­reux pour­ront se recueillir sur son corps. Rien pour l’instant ne filtre sur le lieu et le pro­gramme de l’enterrement de Dansoko.

Selon les infor­ma­tions recueillies auprès des proches du défunt, Oumar Dan­so­ko était marié à Fatou­ma­ta Kaba, rési­dant au quar­tier Her­ma­ko­non, dans la pré­fec­ture de Kis­si­dou­gou. Le couple a don­né nais­sance, à une fille, Tigui­dan­ké Dan­so­ko aujourd’hui âgée de 5 ans.

Il faut rap­pe­ler que depuis un cer­tain temps, les nou­velles auto­ri­tés belges ont dur­ci leur poli­tique d’asile, une situa­tion condui­sant par­fois des deman­deurs débou­tés à des actes aus­si déses­pé­rés que sui­ci­daires. En effet, le même jour, où Dan­so­ko s’est immo­lé par le feu dans les locaux de Feda­sil, un autre deman­deur d’asile d’origine maro­caine s’est aus­si sui­ci­dé au centre fer­mé de Merks­plas, parce qu’il venait de rece­voir des infor­ma­tions sur son rapa­trie­ment vers son pays d’origine.

Selon CIRE, le groupe Coor­di­na­tion et Ini­tia­tives pour Réfu­giés et Étran­gers, « ces actes de déses­poir ont été posés en deux lieux hau­te­ment sym­bo­liques… Le cri de détresse de ces deux hommes, l’un pro­ve­nant d’un pays connu pour son insé­cu­ri­té, la Gui­née, et l’autre étant en Bel­gique depuis 16 ans, fait écho à la détresse de dizaines de mil­liers de per­sonnes migrantes sans droit de séjour dans notre pays. Des per­sonnes qui ont fui des réa­li­tés dures en quête d’une vie meilleure, et qui se retrouvent condam­nées soit à une pré­ca­ri­té extrême ici, soit à un insup­por­table retour là-bas », a déplo­ré le CIRE.

Source de l’ar­ticle : lex­press­gui­nee

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