Venezuela : pourquoi la popularité du président Chavez continue de monter.

Jesse Chacón ausculte les raisons de du soutien accru dans le cas du Venezuela.

De récents scru­tins ou son­dages menés en Amé­rique Latine montrent que l’ac­tion des pré­si­dents pro­gres­sistes ren­contre un appui crois­sant de la popu­la­tion — en moyenne de 60 %. C´est le cas de Rafael Cor­rea, de Cris­ti­na Fer­man­dez, de Evo Morales, de Daniel Orte­ga, de Dil­ma Rous­sef ou de Hugo Chavez. 

Jesse Chacón, Dimanche 25 Décembre 2011

chavez.jpg Vene­zue­la : pour­quoi la popu­la­ri­té du pré­sident Cha­vez conti­nue de monter.

Sans aucun doute, le fait poli­tique fon­da­men­tal de l´année 2011 au Vene­zue­la fut la mala­die du pré­sident, qui avait fait pré­dire à nombre d´analystes une chute de la popu­la­ri­té pré­si­den­tielle dans une opi­nion publique qui aurait consi­dé­ré que Chá­vez avait per­du sa capa­ci­té à gouverner.

Or c´est le contraire qui s´est pro­duit. La situa­tion nou­velle pro­duite par la mala­die du pré­sident a signi­fié un ren­for­ce­ment de sa connexion et de sa proxi­mi­té avec la popu­la­tion. L´opinion publique a entou­ré soli­dai­re­ment un homme qui a su affron­ter cha­cun des moments cri­tiques de sa vie, même les plus dra­ma­tiques, avec cou­rage et com­ba­ti­vi­té. Mais cela suf­fit-il à expli­quer la popu­la­ri­té actuelle de Chávez ?

Certes durant toute l´année 2011, et les ins­ti­tuts pri­vés de son­dage l´ont confir­mé, le pré­sident a main­te­nu la ten­dance ascen­dante dans la per­cep­tion posi­tive de sa ges­tion, ten­dance qui avait débu­té en février 2010 avec un pour­cen­tage de 37.7% d´opinions posi­tives et qui a conti­nué à grim­per jusqu´à 60% en décembre 2011. Nos propres études ont cepen­dant démon­tré que cette ten­dance à la hausse ne peut s´expliquer par la soli­da­ri­té qui s´est réveillée à la suite de la mala­die du président.

En réa­li­té cette ascen­sion remonte à plus loin dans le temps, et elle a été constante et pro­gres­sive : 37% d´opinions posi­tives en février 2010, 43% en mars 2010, 52% en décembre 2010, 54.7% en jan­vier 2011, 57.8% en juillet 2011, mois où Chá­vez a fait état de sa mala­die. Les rai­sons de cette ten­dance à la hausse doivent donc être cher­chées ailleurs.

Le der­nier rap­port du PNUD (orga­nisme de l´ONU pour le déve­lop­pe­ment) sur la réduc­tion struc­tu­relle de la pau­vre­té nous donne le fond expli­ca­tif de la hausse des opi­nions posi­tives du pré­sident mal­gré douze ans de gou­ver­ne­ment. Cet orga­nisme inter­na­tio­nal sou­ligne les réus­sites de la Révo­lu­tion boli­va­rienne qui a per­mis d´atteindre un Indice de Déve­lop­pe­ment Humain de 0.735. Ceci signi­fie une amé­lio­ra­tion de tous les indi­ca­teurs liés : l´espérance de vie se situe à 74.4 ans. Les années de sco­la­ri­té atteignent 7.6, et les années espé­rées de sco­la­ri­sa­tion atteignent actuel­le­ment 14.2. Le reve­nu natio­nal brut par habi­tant est de 10.656 dol­lars. Le Vene­zue­la se détache comme une des socié­tés les plus éga­li­taires d´Amérique Latine, béné­fi­ciant d´un indice Gini de 0.3898.

Tout ceci est per­çu par la popu­la­tion, cepen­dant un sec­teur ne prend pas en compte la signi­fi­ca­tion de ces réus­sites. C´est un seg­ment qui ne mesure la ges­tion du gou­ver­ne­ment que sur base des indi­ca­teurs quo­ti­diens. Les prix et l´approvisionnement sont fon­da­men­taux dans l´appréciation qu´a cette par­tie de la popu­la­tion de l’ac­tion gouvernementale.

Ce tableau montre com­ment le gou­ver­ne­ment boli­va­rien a main­te­nu une ges­tion stable en dépit des constantes struc­tu­relles infla­tion­nistes que connaît l´économie véne­zué­lienne, en dépit des impacts des phé­no­mènes envi­ron­ne­men­taux ain­si que du jeu poli­tique impo­sé par les fac­teurs du capi­tal à tra­vers la fuite de devises ou l´accaparement de produits.

L’ac­tion gou­ver­ne­men­tale a per­mis de réduire l´Indice des Prix à la Consom­ma­tion de 5,2 % en avril 2010 à 1.4% en avril 2011. On peut obser­ver la même chose à pro­pos de l´Indice de Rare­té qui en janvier/février 2010 était de 14.8, alors que pour les mêmes mois en 2011, il se situe à 12.6 et en novembre 2011 à 13.4.

D´autres indi­ca­teurs sur les­quels s´est concen­tré le gou­ver­ne­ment et qui ont un impact posi­tif sur la popu­la­ri­té ascen­dante, concernent la crois­sance éco­no­mique. Rap­pe­lons que l´activité éco­no­mique accuse une chute de ‑3,7 % du PIB lors du der­nier semestre 2009, puis une chute de ‑5,8% au pre­mier tri­mestre de 2010. Cepen­dant pen­dant toute l´année 2011, les poli­tiques d´investissement public (infra­struc­tures, loge­ment popu­laire, etc..) ont per­mis un redé­col­lage de l´économie.

Le Pro­duit Inté­rieur Brut (PIB) à prix constants montre au troi­sième tri­mestre de 2011 une crois­sance de 4,2% par rap­port à la même période de 2010. Ce qui donne une crois­sance de 4,8% au pre­mier tri­mestre de 2011 et de 2,5% au deuxième, soit une crois­sance de 3,8% pour les neuf pre­miers mois de 2011.

Le ren­for­ce­ment du cré­dit poli­tique du gou­ver­ne­ment aux yeux de la popu­la­tion a donc une expli­ca­tion tan­gible, tant en ce qui concerne le cadre macroé­co­no­mique que dans les variables quotidiennes.

Plu­sieurs ins­ti­tuts de son­dage liés à l´opposition ont recon­nu que le pré­sident Chá­vez pos­sède, actuel­le­ment, les meilleures idées pour résoudre les pro­blèmes du pays. Ces firmes de son­dage indiquent que les per­sonnes s´identifient aux idéaux d´égalité, de jus­tice, d´inclusion sociale, d´option pour les pauvres — cadres de valeur com­muns au pré­sident et á une majo­ri­té de vénézuéliens.

Le haut niveau d´approbation de la ges­tion pré­si­den­tielle est cor­ré­lée aux inten­tions de vote. En décembre 2011, si les élec­tions avaient lieu demain, 57% des véné­zué­liens vote­raient pour Hugo Chá­vez alors que 27% des élec­teurs appor­te­raient leur suf­frage à l´opposition.

Par ailleurs le pay­sage poli­tique de 2012 « oppose Chá­vez à Chá­vez ». C´est-à-dire qu´une ges­tion adé­quate du pré­sident et de son équipe sur les thèmes quo­ti­diens du véné­zué­lien, en par­ti­cu­lier sur des pro­blèmes aus­si aigus que l´insécurité ou la pro­blé­ma­tique du loge­ment, signi­fie­rait une conso­li­da­tion du pro­jet boli­va­rien comme option vic­to­rieuse pour les élec­tions d´octobre 2012.

www.gisxxi.org

Tra­duc­tion : Thier­ry Deronne pour www.larevolucionvive.org.ve