ZinTV : Projection-Débat “Comme des lions”: Comment combattre les fermetures d’usine ?

27.02 2016 /
19h - Pianofabriek. Rue du Fort 35 - 1060 Bruxelles
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Pro­jec­tion — Débat : Com­ment com­battre les fer­me­tures d’usine ?

Entrée libre
Réser­va­tion : contact@zintv.org

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Comme des lions raconte deux ans d’engagement de salariés de PSA Aul­nay, contre la fer­me­ture de leur usine qui, en 2013, emploie encore plus de 3 000 per­sonnes dont près de 400 intérimaires.
Des immigrés, des enfants d’immigrés, des mili­tants, bref des ouvriers du 93 se sont découverts experts et décideurs. Ces salariés ont mis à jour les men­songes de la direc­tion, les faux prétextes, les pro­messes sans garan­ties, les rai­sons de la fai­blesse de l’état. Bien sur ils n’ont pas « gagné ». Mais peut être faut-il arrê­ter de tout pen­ser en terme de « gain ». La vie est faite d’expériences, de risques, d’aventure et de fierté.
Et là, ces deux ans sont une tranche de vie excep­tion­nelle. Un moment d’intelligence col­lec­tive, de démocratie et de révélations.

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MOT DE LA RÉALISATRICE FRANÇOISE DAVISSE

« J’habite à quelques kilomètres de l’usine PSA d’Aulnay. Hon­nê­te­ment, je ne savais pas même où elle se trou­vait. Seul l’immense par­king se voit de l’autoroute qui mène à Rois­sy. Mais comme l’aéroport de Rois­sy, cette usine, qui fabrique les C3 de Citroên, est l’un des rares gros employeurs de Seine-Saint-Denis.
Phi­lippe, le secrétaire de la CGT de l’usine, est conseillé muni­ci­pal de ma ville. Il y vit, comme 400 autres salariés de PSA. Ils sont des mil­liers en Seine-Saint-Denis. Un monde invi­sible qui détermine l’ambiance ici. Dans les années 80, les vagues de licen­cie­ment chez Peu­geot détruisent l’équilibre des cités alen­tours, et la drogue s’installe. En 2005, les émeutes sont les plus fortes autour de l’usine, à un moment où l’Interim a net­te­ment faibli.
Ici, c’est là où je vis. Pas seule­ment, là où j’habite, mais là d’où part ma façon d’entendre les événements du monde. Je suis née et j’ai tou­jours vécue en « ban­lieue rouge. « Etre » de ce ter­ri­toire mul­ti­ra­cial, ça n’est évidemment pas une ques­tion de racines ou de cou­leur, c’est par­ta­ger des références d’entraide, de réactivité par­fois vio­lente et des repères basés sur les besoins des milieux popu­laires. Je sens bien lorsque j’écris cela, d’être en ban­lieue aujourd’hui, poli­ti­que­ment et socia­le­ment, c’est être d’une sorte d’Atlantide.
Je vou­lais aller au cœur caché de mon ter­ri­toire, le découvrir et voir com­ment les ouvriers de l’usine PSA allaient « s’en sor­tir », mesu­rer de l’intérieur cette nou­velle épreuve pour la Seine-Saint-Denis ».

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LE CONTEXTE : LE SYMBOLE CITROËN AULNAY

Au même titre que les usines Renault de Billan­court ou de Vil­voorde, le site d’Aulnay crée en 1973 a incarné durant de nom­breuses années la réussite de l’automobile fran­çaise et fut un des prin­ci­paux employeurs de la région pari­sienne. Citroën y concentre son acti­vité et ferme les mul­tiples usines du bas­sin parisien.
Le site d’Aulnay a été le théâtre de nom­breux conflits sociaux. En mai- juin 1982, un pre­mier grand mou­ve­ment de grève mené en par­ti­cu­lier par les ouvriers immigrés, qui représentaient alors 50% de la main‑d’œuvre, vise au res­pect de la liberté syn­di­cale, des salaires et des condi­tions de tra­vail. Le syn­di­cat crée par la direc­tion du groupe pour contrer les autres orga­ni­sa­tions syn­di­cales, la CSL (aujourd’hui appelé SIA) sert alors de ner­vis à la direc­tion, uti­li­sant par exemple des barres de fer contre les grévistes. Suite à la grève, la CGT s’installe dans l’entreprise.
En 2004, l’u­sine établit un record de pro­duc­tion de 418 000 véhicules. C’est durant cette période que la plu­part des salariés actuels sont entrés dans l’usine. PSA embauche dans la ban­lieue pari­sienne, et c’est ain­si que qua­rante nationalités se côtoient actuel­le­ment dans l’usine.
En 2005 et en 2008, se pro­duisent deux nou­veaux conflits, dont le sou­ve­nir de lutte et de l’organisation mise en place vont jouer un grand rôle dans l’état d’esprit des tra­vailleurs en 2012. Peu­geot-Citroên, PSA, second groupe européen a ven­du 3,6 mil­lions de voi­tures en 2010. C’était son record his­to­rique. En 40 ans, le site a vu sor­tir de ses lignes de pro­duc­tion plus de 8 mil­lions de voitures.
Les forces en présence
Des syn­di­ca­listes qui veulent faire bou­ger des salariés qui pensent que ça ne sert à rien. Pour ces mili­tants, il faut que les tra­vailleurs prennent la parole eux-mêmes et fassent l’expérience des luttes pour se rendre compte de leur véritable force.
Un État qui veut réindustrialiser sans avoir les com­mandes de son indus­trie. Le ministère croit en la réindustrialisation à long terme et dans la mora­li­sa­tion du capi­ta­lisme. Les poli­tiques affichent la cer­ti­tude assez étonnante que tout va s’arranger mais sans avan­cer d’éléments pour dire com­ment ça va s’arranger.
Des indus­triels qui croient aux indi­ca­teurs de ren­ta­bi­lité. L’analyse des différents docu­ments émanant de l’entreprise montre que leur logique n’est pas indus­trielle mais financière.
Des médias qui, pour une bonne part, relaient la stratégie de la direc­tion en don­nant l’image d’une lutte vio­lente menée par les salariés.